Le blog de Ian Brossat

Le pinard et le saucisson manipulés par l’extrême droite.

Festif, l’apéro est désormais utilisé par certains comme une manifestation politique. Depuis l’émoi des premiers essais sur Facebook, rien de mieux en effet pour faire parler de soi et recruter des sympathisants sous couvert de convivialité. Un détournement et une manipulation, rien de plus.

 

Dernier épisode en date, le fameux apéro « saucisson et pinard » dont on a pas mal parlé dans la presse, et notamment dans le Parisien de ce matin. Chacun ses goûts, me direz-vous, mais le problème, c’est qu’il s’organise à La Goutte d’Or pour (je cite) « lutter contre son islamisation progressive », soutenu par une kyrielle préoccupante d’associations d’extrême droite. Forcément, viande de porc et alcool dans un quartier cosmopolite et qui plus est le vendredi, jour de prière musulmane : la provocation est évidente. Pour ne rien arranger, comme on peut le voir sur l’affiche, les deux « S » de « saucisson » reprennent un graphisme nauséabond : une ignoble évocation de la Waffen SS de sinistre mémoire.

 

Je ne suis pas partisan d’interdire pour interdire, mais cette fois, c’en est trop – et nous avons fait appel à la Préfecture. Quand un quartier comme La Goutte d’Or fait tant d’efforts et montre tant d’ingéniosité à faire vivre toutes ses communautés ensemble, cette initiative est pour le moins mesquine, sinon franchement méprisable. La diversité est une chance pour tous, même si elle irrite immanquablement certains. J’espère surtout que cette détestable péripétie nous donnera l’occasion d’un rassemblement festif anti-raciste, à l’heure de l’apéro ou pas, histoire de montrer que le vivre ensemble vaut mieux que cela.

Lalie Walker : la liberté d'écrire (la suite)

A l’issue de l’audience de ce vendredi, la date des plaidoiries a été fixée au 15 octobre 2010. La procédure détestable engagée par le Marché Saint-Pierre se poursuit. Je n’imagine pas que le tribunal puisse condamner l’écrivain et son éditeur – ni interdire le livre – comme on le réclame.

 

En attendant, la lutte pour la liberté d’écrire et d’imaginer continue. Je tiens à réaffirmer mon soutien à Lalie Walker et à Parigramme, tout comme la ville de Paris le faisait au mois de mars à mon initiative. C’est un moment important pour les créateurs et pour le droit de créer. Les empêcher de s’inspirer du monde qui nous entoure serait un crime contre la culture.

 

 Le silence du ministre à ce sujet est assourdissant. Il est révélateur d’une atmosphère indigne où l’on demande aux écrivains d’observer un droit de réserve et aux artistes de surtout ne pas trop en faire.

Qui a peur de Lalie Walker ?

Le 9 avril prochain (vendredi en 8, donc), au tribunal correctionnel de Paris, comparaissent l’auteur de romans policiers Lalie Walker et son éditeur, Parigramme. Leur crime : avoir écrit et fait paraître en 2009 un ouvrage de fiction, Aux malheurs des dames, dont l’action se situe au Marché Saint-Pierre, dans le 18^e arrondissement. Les propriétaires et gestionnaires du site ont entrepris une action en justice, estimant que l’ouvrage nuisait à leur réputation et à leur commerce. C’est comme si le Louvre avait décidé d’attaquer Dan Brown (pour son Da Vinci Code). Ou l’office du tourisme new-yorkais, Roland Emmerich (pour Le jour d’après). Très sérieux, les requérants demandent le retrait du livre et deux millions de dommages et intérêts.

 

Ne touchez pas à ma rue

Les bras m’en tombent. Au Conseil d’Arrondissement du 18^e, lundi dernier, nous avons voté à l’unanimité un vœu proposant, à l’initiative du Conseil de Quartier La Chapelle – Marx Dormoy, de donner à la « Rue Neuve » le nom d’Albert Simonin. En cherchant sommairement (www.dixhuitinfo.com l'a fait), on découvre que cet écrivain, auteur de Touchez pas au Grisbi, scénariste des Tontons Flingueurs, père du Petit Simonin Illustré (un dictionnaire d’argot), aurait été un journaliste d’extrême droite, un collaborationniste fervent et un antisémite notoire. Il a d’ailleurs été condamné à cinq ans de prison à la Libération.

 

Encore une bavure policière dans le 18ème : jusqu'à quand ?

Dans la nuit du 12 au 13 février dernier, dans le quartier de la Goutte d’Or (Paris 18^e) pour un cambriolage, des policiers auraient frappé, menotté, et placé en garde à vue plusieurs personnes sans véritable raison. Examinées par un médecin, deux d’entre elles se sont vues signifier cinq jours d’Incapacité Totale de Travail (ITT). Une plainte a été déposée auprès de l’Inspection Générale des Service (IGS).

Depuis plusieurs mois, les bavures policières se multiplient dans le 18^e arrondissement. Les habitants se plaignent d’abus de langage et d’autorité, et déplorent une atmosphère parfois digne d’un Western. En revanche, des vraies problèmes d’insécurités subis par les habitants ne sont pas réglés : le trafic de drogue, la vente à la sauvette, le proxénétisme, le racket à la sortie des écoles, continuent de se développer.

Les mineurs étrangers ne joueront plus au football

Je ne suis pas un très grand amateur de football. Mais je comprends le plaisir qu’on y trouve et je sais les valeurs éducatives qu’il véhicule. De manière générale, d’ailleurs, le sport est un droit, comme la culture ou les loisirs. Il n’y a pas de temps de travail sans temps libre. Pour les enfants et les adolescents, le sport et la culture sont une initiation importante au monde et à la vie sociale. Le football, ce n’est pas que taper dans un ballon, c’est aussi apprendre à jouer ensemble. C’est pourquoi j’ai été scandalisé d’apprendre qu’un grand nombre de jeunes Parisiens de nationalité étrangère n’avait plus le droit de jouer au football.

 

Reprenons. Récemment, la F.I.F.A a décidé d’un nouvel ensemble de règles plus contraignantes en ce qui concerne les transferts de mineurs de nationalité étrangère. Il s’agit de les protéger d’une forme extrêmement sournoise de trafic humain : celui qui touche des jeunes venus de pays pauvres, déracinés, exilés, et parfois renvoyés sans plus de procès quand ils ne font pas l’affaire. Les seules exceptions concernent le cas des enfants qui vivent dans des zones frontalières ou qui suivent leurs parents dans un autre pays pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le football.

 

Le retour de Guy Môquet (dans le métro)

Ouf ! Ils n'ont pas osé. Hier, la direction de la RATP a juré ses grands dieux qu'il n'était pas question de supprimer l'exposition consacrée à Guy Môquet. Le jeune résistant retrouvera toute sa place dans la station de la ligne 13 à partir du printemps, nous a-t-on assuré hier. Il aura donc fallu un courrier, des coups de fil à répétition, un communiqué de presse, une dépêche AFP, l'annonce du dépôt d'un voeu au Conseil d'arrondissement et au Conseil de Paris pour que la RATP sorte de son silence et fasse cette annonce. Rien que ça. Mon esprit tordu m'incite à penser que le parfum de scandale qui entourait le retrait de la vitrine consacrée à Guy Môquet n'est pas pour rien dans la décision finalement annoncée par la RATP.

Quelques questions demeurent néanmoins. Quand ? Officiellement, la direction de la RATP annonce un nouvel espace mémoire consacré à la figure de Guy Môquet à partir du printemps. Dans le Parisien, il est annoncé pour février. Pourquoi tant d’attente ? Pourquoi ne pas avoir profité de la durée des travaux pour élaborer cette nouvelle exposition ?

La mémoire de Guy Môquet aux oubliettes ?

La station de métro Guy-Môquet située sur la ligne 13 a récemment fait l'objet d'une rénovation bienvenue. Seul hic : la vitrine qui rendait hommage à cette figure historique sur le quai de la station n'y figure plus. Cette petite exposition présentait le parcours de Guy Môquet et faisait apparaître une photographie de la lettre qu'il laissa à ses parents. Les usagers du métro pouvaient également découvrir un pelliculage de quelques mètres dévoilant des extraits de sa fameuse lettre sur les murs de la station. Il a lui aussi été supprimé. Seul un petit panneau situé dans les couloirs de la station, d'ailleurs abîmé et difficilement lisible, est encore là pour rappeler l'histoire héroïque de Guy Môquet.

Rassurez-vous : les panneaux publicitaires qui envahissent les murs de la station, eux, vont très bien.

Cette décision heurte tous ceux qui sont attachés à la mémoire de ce jeune résistant communiste. J'ai interpellé le Président de la RATP à ce sujet il y a plus d'une semaine. A ce jour, silence radio. Faudra-t-il aller jusqu'au Conseil de Paris pour que les murs de la station éponyme rappellent de nouveau la mémoire de Guy Môquet ?

Encore une bavure policière dans le 18ème ?

Ce matin, le journal Le Parisien révèle un nouveau dérapage policier dans le 18^ème arrondissement dont a été victime samedi dernier un jeune homme à la Goutte d’Or. Un jeune homme de 21 ans vient de porter plainte après avoir été placé en garde à vue pour avoir lancé une moquerie à des policiers en civils. Interpellé de façon brutale, il a été victime d’insultes et des violences physiques.

J’ai adressé aujourd’hui au Préfet de police mes plus vives protestations face à cet énième dérapage. Ce n’est pas la première fois, en effet, qu’on assiste à des bavures policières dans le 18ème arrondissement. En 2009, je suis intervenu à la suite de violences policières dont a été victime un photographe colombien. Il voulait porter plainte au commissariat après avoir été frappé par une bande. Et c'est lui qui avait fini en garde en vue... La semaine dernière, encore, j’ai interpellé le Préfet à l’issue d’un contrôle qui a dérapé au bar Le Nouveau Carillon, situé au 1, rue des Abbesses. Dans les deux cas, mon amie Nicole Borvo, sénatrice PCF de Paris, a saisi la Commission nationale de déontologie de la sécurité.

Qu'on ne se dise : le 18^ème n’est pas une zone de non droit. Ce n'est pas le Far West. La loi s’applique à tous et d’abord à ceux qui sont chargés de la faire respecter...

Blanchiment de la peau : enfin une campagne de prévention

Enfin ! Il y a tout juste un an, j'intervenais en Conseil de Paris pour demander la mise en place d'une campagne de prévention sur les dangers liés à l'usage de crèmes éclaircissantes qui font des ravages dans le 18ème arrondissement, notamment. Un mois plus tard, dans le cadre du vote du budget 2009, je faisais voter un amendement budgétaire afin d'y consacrer 30 000 euros. Cette campagne débutera mercredi prochain. Il aura donc fallu un an quasiment jour pour jour pour que la Ville de Paris lance ce projet.

Trop longtemps, on a laissé ce trafic prospérer dans l'indifférence générale. Il a fallu que certains s'acharnent pour alerter sur l'usage de ces produits. Je pense notamment à Isabelle Managa, présidente de l'association Label Beauté Noire, qui a mené ce combat toute seule pendant des années.

Mardi 3 novembre, à 18 h, à l'Hôtel de Ville, j'aurai l'occasion de débattre avec elle et avec bien d'autres - Patrick Lozès, président du CRAN, Pap Ndiaye, Maître de Conférences à l'EHESS, Eunyce Barber notamment. Ensemble, nous aborderons les enjeux liés à l'usage des crèmes éclaircissantes.

N'hésitez pas à venir, vous êtes les bienvenus ! (inscriptions au 01 42 76 57 68).