Je ne suis pas un très grand amateur de football. Mais je comprends le plaisir qu’on y trouve et je sais les valeurs éducatives qu’il véhicule. De manière générale, d’ailleurs, le sport est un droit, comme la culture ou les loisirs. Il n’y a pas de temps de travail sans temps libre. Pour les enfants et les adolescents, le sport et la culture sont une initiation importante au monde et à la vie sociale. Le football, ce n’est pas que taper dans un ballon, c’est aussi apprendre à jouer ensemble. C’est pourquoi j’ai été scandalisé d’apprendre qu’un grand nombre de jeunes Parisiens de nationalité étrangère n’avait plus le droit de jouer au football.
Reprenons. Récemment, la F.I.F.A a décidé d’un nouvel ensemble de règles plus contraignantes en ce qui concerne les transferts de mineurs de nationalité étrangère. Il s’agit de les protéger d’une forme extrêmement sournoise de trafic humain : celui qui touche des jeunes venus de pays pauvres, déracinés, exilés, et parfois renvoyés sans plus de procès quand ils ne font pas l’affaire. Les seules exceptions concernent le cas des enfants qui vivent dans des zones frontalières ou qui suivent leurs parents dans un autre pays pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le football.
Très bien. Ne boudons pas notre plaisir quand la F.I.F.A. fait quelque chose de bien.
Malheureusement, la Fédération Française de Football (F.F.F.) a décidé de suspendre toute attribution de premières licences à des mineurs étrangers. Sauf s’ils résident depuis plus de cinq ans en France. Du coup, dans de petits clubs, des jeunes, qui n’ont rien de futurs talents de Ligue des Champions, sont soudain empêchés de pratiquer normalement leur sport. Depuis l’automne, des dossiers traînent, de mineurs qui veulent juste jouer au football. Ils sont parfois même nés en France. Sans le précieux sésame quinquennal : impossible, pourtant.
C’est une discrimination, à l’évidence.
Cela démontre comment un texte nécessaire devient un texte pervers. Cela démontre aussi qu’en plein débat nauséabond sur l’identité nationale, tout est permis. Avec la F.F.F., le problème n’est plus le transfert de mineurs étrangers, ce sont les mineurs étrangers eux-mêmes. Je trouve que c’est au mieux maladroit. Dans le 18e arrondissement, les éducateurs et les clubs ont ouvert de grands yeux en voyant les dossiers des jeunes revenir sans licence. J’ai déposé un vœu au prochain Conseil de Paris pour que la ville tente de faire revenir en arrière la F.F.F. : il y a des erreurs fâcheuses. Et qui tombent mal.
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