Le blog de Ian Brossat

Quand le gouvernement Fillon se moque du logement à Paris

Le logement est probablement la principale préoccupation des Parisiens. En ce qui concerne la mixité sociale, c’est même très franchement un drame puisque la spéculation immobilière est la première responsable des l’exclusion des plus fragiles, des plus précaires, voire des classes moyennes et des familles. C’est pourquoi, à l’initiative notamment des élus communistes, la Ville a engagé dès 2001 un plan de création de logements sociaux d’une ambition sans précédent.

 

Denise Hamouri à Paris

Ce samedi, à 11 heures 30, à notre initiative, une réception est organisée pour Denise Hamouri à l’hôtel de ville de Paris. Pour nous, élus communistes et du parti de gauche, qui militons pour la libération de son fils, Salah, c’est une petite victoire. Je l’avais croisée en novembre dernier, à la prison de Gilboa, en milieu de journée (voir post) : je venais de rendre visite à son fils. Elle attendait là depuis 8 heures du matin. Dans ce genre d’affaires, le temps est aussi cruel qu’il est précieux. Ce n’est pas grand-chose, à première vue, d’accueillir Denise Hamouri à Paris – et pourtant, c’est un des nombreux signes positifs, des petits mouvements qui vont dans le bon sens. C’est la preuve aussi que la ville est toujours du côté des victimes, de ceux que l’on prive de leur liberté. Cela fait du bien. Si certains d’entre vous, veulent venir : qu’ils n’hésitent pas. Il suffit de réserver au 01 42 76 57 68.

Scandales à répétitions : les hommes politiques ne sont pas tous pourris.

Plusieurs articles ont paru ces derniers jours dans la presse, mettant en cause des membres du gouvernement, ainsi que d’autres élus de la majorité. Accusés de conflits d’intérêts, de favoritisme, de cupidité voir d’abus de biens sociaux, ils se défendent souvent mal et dégradent l’image des hommes et des femmes politiques. Très franchement, la peinture était déjà sévère, nous n’avions pas besoin que Fadela Amara, Jeanette Bougrab, Christine Boutin, Christian Blanc, Christian Estrosi ou les époux Woerth en rajoutent. Cela sent fort le parfum de scandale douteux des années 30 ou de la Belle Epoque. C’est d’autant plus regrettable que le débat n’est pas celui que l’on croit – et que de nombreux élus (une grande majorité) sont très scrupuleusement honnêtes.

 

Socialisme

Il y a de cela quelques semaines, je suis allé voir le dernier film de Jean-Luc Godard. Dans l'Humanité Dimanche, j'ai publié un petit extrait de mes enthousiasmes - dont voici la version intégrale...

Ce qui saute aux yeux (et aux oreilles) dès les premières minutes, c’est le rythme décomposé et lancinant, le découpage par allusions et par associations d’idées, et l’apparente absence de récit ou de fil conducteur, au sens classique du terme. L’amateur de Jean-Luc Godard ou le critique de cinéma y reconnaissent le style et la voix de ses derniers films. En revanche, le militant, l’élu, l’homme ou la femme d’engagement, sont déroutés par ce refus du storytelling, si tentant et si courant dès que l’on parle de politique, aujourd’hui. Le discours public est contaminé par l’intrigue (dans tous les sens du terme), au moins autant que ne l’est pas ce long-métrage.

 

L’Equipe de France selon Nicolas Sarkozy

Tout le monde ne parle plus que de cela. Et à la différence d’autres affaires célèbres dans l’opinion publique, la fameuse crise de l’Equipe de France met à peu près tout le monde d’accord. Cette unanimité bruyante contamine jusqu’aux hommes politiques qui en rajoutent. Nicolas Sarkozy n’y échappe pas même s’il est plus discret que d’autres – et pour cause : pendant ce temps, il s’occupe d’achever notre système de retraites. C’est l’avantage de la diversion. Moi qui ne suis pas un grand amateur de football, une chose me frappe, c’est la politisation de cette affaire – qui n’est pas illégitime, il est vrai.

 

Les liaisons dangereuses de Claude Goasguen

Incidemment, ces dernières semaines, l’actualité met en lumière d’étranges coïncidences. Depuis quelques mois, le combat pour le logement social m’oppose au Maire du 16^e arrondissement, Claude Goasguen, avec qui j’ai eu des échanges parfois peu amènes. Dans le même temps, depuis quelques jours, dans le 18^e arrondissement, je suis confronté avec d’autres élus et des associations à l’initiative stupide et dangereuse dit de l’apéro « saucisson et pinard ». Son principal défenseur est Pierre Cassen, animateur du site « Riposte Laïque », au discours aussi pervers que dangereux, dont je viens d’apprendre qu’il était (comme par hasard) invité à répandre ses contrevérités à la Mairie du 16^e arrondissement, le 27 avril dernier. Quelques éclaircissements s’imposent.

 

Le pinard et le saucisson manipulés par l’extrême droite.

Festif, l’apéro est désormais utilisé par certains comme une manifestation politique. Depuis l’émoi des premiers essais sur Facebook, rien de mieux en effet pour faire parler de soi et recruter des sympathisants sous couvert de convivialité. Un détournement et une manipulation, rien de plus.

 

Dernier épisode en date, le fameux apéro « saucisson et pinard » dont on a pas mal parlé dans la presse, et notamment dans le Parisien de ce matin. Chacun ses goûts, me direz-vous, mais le problème, c’est qu’il s’organise à La Goutte d’Or pour (je cite) « lutter contre son islamisation progressive », soutenu par une kyrielle préoccupante d’associations d’extrême droite. Forcément, viande de porc et alcool dans un quartier cosmopolite et qui plus est le vendredi, jour de prière musulmane : la provocation est évidente. Pour ne rien arranger, comme on peut le voir sur l’affiche, les deux « S » de « saucisson » reprennent un graphisme nauséabond : une ignoble évocation de la Waffen SS de sinistre mémoire.

 

Je ne suis pas partisan d’interdire pour interdire, mais cette fois, c’en est trop – et nous avons fait appel à la Préfecture. Quand un quartier comme La Goutte d’Or fait tant d’efforts et montre tant d’ingéniosité à faire vivre toutes ses communautés ensemble, cette initiative est pour le moins mesquine, sinon franchement méprisable. La diversité est une chance pour tous, même si elle irrite immanquablement certains. J’espère surtout que cette détestable péripétie nous donnera l’occasion d’un rassemblement festif anti-raciste, à l’heure de l’apéro ou pas, histoire de montrer que le vivre ensemble vaut mieux que cela.

Ma correspondance avec Claude Goasguen

Ce matin, je reçois une lettre de Claude Goasguen qui réagit à la pose symbolique d'une première pierre en faveur du logement social dans le 16e arrondissement. Au dernier Conseil de Paris, lorsque nous lui faisions le repproche de s'opposer au logement social, il avait dit : "Vous n'avez qu'à nous mettre une étoile jaune et à marquer 16e arrondissement dessus". Cette semaine, toujours décomplexé avec l'histoire du vingtième siècle, voici ce qu'il met :

 

Pose d’une première pierre en faveur du logement social dans le 16e arrondissement

Ce matin, à 11 heures, nous étions (une fois n’est pas coutume) devant la Mairie du 16^e arrondissement, avec des élus, des militants et des familles mal-logés. Sous la pluie, plus d’une centaine de personnes ont assisté à la pose d’une première pierre symbolique en faveur du logement social. Après les propos indignes du Maire, Claude Goasguen, qu’il a encore répétés en pleine séance du Conseil de Paris, c’était la moindre des choses. Avec Nicole Borvo, sénatrice PCF de Paris, ainsi qu’Alexis Corbière (PG, 12^e), Emmanuelle Becker (PCF, 13^e), Danielle Simonnet (PG, 20^e) ou encore Alain Lhostis (PCF, 10^e), nous avons dénoncé l’égoïsme social de quelques privilégiés quand des milliers de femmes et d’hommes attendent d’être dignement logés.

 

L’objectif de la Ville de Paris est d’atteindre les 20% de logements sociaux prévus par la loi SRU avant la fin de la mandature. Il s’agit d’un minimum dans une ville que la spéculation immobilière rend de plus en plus difficile à habiter. C’est un minimum et c’est la loi. Mais fidèle au modèle perfectionné par Nicolas Sarkozy à Neuilly, Claude Goasguen et d’autres élus UMP n’ont de cesse de protéger leurs petits ghettos de riches (et d’électeurs, sans doute). Ils n’ont aucune considération pour l’intérêt général, la mixité et la justice sociale. Ils propagent les pires caricatures sur les locataires du logement social (dont de nombreux « délinquants récidivistes », selon Jean-François Lamour) qui sont pourtant des Parisiens comme les autres. Ils peuvent s’attendre à de nombreuses autres poses de première pierre comme celle-ci. Jusqu’à ce que les familles soient logées.