Le blog de Ian Brossat

Bisounours montre les dents !

Souvent faire de la politique, c’est sourire, serrer des mains, embrasser les enfants – en un mot, se faire aimer. Quand il s’agit de convaincre, souvent, il faut aussi séduire. L’art de la négociation veut cela. Parfois pourtant, il faut aussi mettre les pieds dans le plat, au risque de se faire détester par ses adversaires. Persuader et contredire.

Comme j’ai bon caractère, je préfère éviter les conflits inutiles. Un peu Bisounours, si l’on veut. Mais parfois, il faut bien montrer les dents ! Comme au Conseil d’Administration de la Halle Saint-Pierre… Récit.

 

Bavures policières dans le 18ème : la loi des séries ?

Lundi 15 juin, un jeune Colombien, Juan Pablo Guttierez, victime d’une agression, porte plainte au commissariat de la Goutte d’Or, dans le 18è. Mis en garde à vue, il est insulté et frappé. Affligé de lésions à l’oreille interne et d’une perte d’audition de 40%, il est finalement relâché en même temps que son agresseur dont il redoutait les représailles. Etrange inversion des rôles qui voit le plaignant traité comme un criminel.

 

Tombeau de Frédéric Mitterrand

La chose est presque sûre, dit-on. On m’objectera certainement qu’avant l’heure, ce n’est pas l’heure, mais je suis comme les quotidiens, je prépare mes nécrologies à l’avance. Certes – et c’est heureux ! – Frédéric Mitterrand n’est pas mort. Mais je tiens néanmoins à saluer du mieux possible la défection d’un homme à l’évidence délicieux.

Car pour ceux de ma génération, il était le délice d’une voix, d’une affectation, d’une certaine façon de parler du cinéma et d’autre chose. Oui, je l’avoue, on ne l’a pas toujours pris très au sérieux, on a pu avoir la dent dure, mais on l’aimait bien – vraiment bien !

Ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers – ou presque. Frédéric Mitterrand va rejoindre le glorieux équipage de la nef des fous aux commandes du pays. Autant les premières nominations « de gauche » ne m’ont pas particulièrement affecté, autant celle de Frédéric Mitterrand, sans même savoir s’il est vraiment « de gauche », me peine et m’afflige.

Pour Sarkozy, la prise est belle. Grande comme cela. Enorme. Pensez donc : un Mitterrand avec lui ! Il était déjà Louis XIV et Napoléon III, De Gaulle et Pompidou. Il ne lui restait que Mitterrand (non, pas Giscard…). Quelques citations « de gauche » (Blum, Jaurès), quelques anciens ministres socialistes – et maintenant le neveu. Ita Missa Est, comme on dit à Rome.

PS : je m’inquiète un peu pour la Villa Médicis, étant donnée la propension de Nicolas Sarkozy à récompenser les copains. Quand on envoie David Martinon à Los Angeles, on est capable de tout.

Retour sur les européennes

Après quelques jours, je me suis amusé à regarder les résultats des européennes, bureau de vote par bureau de vote. Etant donné le nombre, je me suis limité au dix-huitième arrondissement – la chose est amusante, mais elle prend du temps. L’analyse séparée des résultats des différentes listes délivre un certain nombre d’enseignements, notamment lorsqu’on s’amuse à isoler des corrélations entre elles. Ou avec le taux d’abstention. Quel est le rapport, par exemple, entre les scores du Front de Gauche et ceux du Parti Socialiste ? Est-ce qu’une abstention forte nous favorise ou nous dessert ? Petit exercice de sociologie électorale.

 

A première vue, nos scores sont corrélés positivement avec ceux du NPA. Autrement dit, nos bons bureaux de vote sont aussi les leurs. De même, avec le PS. Nous sommes même un peu plus corrélés que d’habitude avec les scores du PS. Cela tendrait à indiquer que le PS a mieux résisté dans les bureaux où nous faisons de bons scores, les bureaux populaires. Comme on pourrait s’y attendre, nous sommes corrélés négativement avec l’UMP. Là où l’UMP fait de bons scores, nous faisons de mauvais scores et réciproquement. Tout cela est classique et attendu.

 

Plus surprenant, la répartition de nos scores ne suit pas du tout celle de la liste Cohn-Bendit. Jusqu’à présent, nos scores étaient corrélés positivement avec ceux des Verts. Ce n’est plus le cas. Europe Ecologie n’est pas un vote « classiquement » de gauche. Sa géographie dans le 18^ème, par exemple, ne correspond pas aux terres d’influences de la gauche. Il y a donc bien quelque chose de neuf dans le vote « Europe Ecologie » qui n’a pas grand-chose à voir avec le vote « Vert » que nous avions pu analyser jusqu’à présent.

 

Ce calcul est intéressant car il permet de percevoir des éléments relatifs à la sociologie des différents votes. On a parlé, lors de ces élections, d’une abstention de « classe ». Ce sont les catégories les plus populaires qui se sont abstenues. C’est toujours le cas, mais plus encore à l’occasion de cette échéance. On remarque que le PS, le NPA et le Front de gauche sont corrélés négativement par rapport à l’abstention. Les trois partis réalisent de bons résultats là où l’abstention est forte. Rien de surprenant pour le NPA et nous. En revanche, ce n’est pas le cas du PS d’habitude. Mais cela confirme bien que dans les bureaux où la participation est plus forte, les bureaux « CSP+ », le PS a été siphonné par « Europe Ecologie ». On note, d’ailleurs, que la liste Cohn-Bendit fait de bons scores là où la participation est haute. Il est corrélé positivement par rapport à la participation, plus encore que l’UMP et le Modem…

 

Bon, ce n’est pas tout. Il me reste encore 19 arrondissements à regarder… J’y retourne…

Lounis ou le harcèlement

En février, certains s’en souviennent sans doute, je m’étais ému du sort d’un militant communiste du 18^e convoqué au tribunal pour avoir vendu l’Humanité Dimanche « à la sauvette » sur le marché Dejean : Lounis Ibadioune. A la suite de cela, j’avais porté un vœu voté à l’unanimité au Conseil d’Arrondissement du 18^e, ainsi qu’au Conseil de Paris, pour exiger des garanties du Préfet de Police. La justice, elle, avait bien évidemment relaxé Lounis.

 

Or, ce 1^er juillet prochain : rebelote ! Lounis est à nouveau convoqué au tribunal pour une raison qui peut faire sourire : le paiement d’une majoration de 22 euros concernant l’amende dont la justice a reconnu qu’elle était infondée.

Rassemblement de soutien aux vieux migrants du 116 rue Ordener

@ Julier Guibert - 16 juin 2009 - Devant le 116 rue d'Ordener, avec des Parisiens mobilisés en faveur des vieux migrants.

Pour le récit de ce rassemblement, il faut lire l'excellent dixhuitinfo.com

Non à l’expulsion des vieux migrants du 116 rue Ordener dans le 18e !

Décidément, on ne recule devant rien. Alors que le gouvernement ne cesse de protester de ses bonnes intentions en ce qui concerne le logement, la réalité démontre tous les jours qu’il n’en est rien. Avec son lot de drames, de mesquineries, d’indifférence au sort des mal-logés. Dernier épisode en date, l’Hôtel Comète au 116, rue Ordener dans le 18^e arrondissement. Neuf locataires âgés, qui ont toujours payé leur loyer, sont menacés d’expulsion suite à la décision de la propriétaire de transformer son établissement en hôtel de prestige.

Les locataires ont entrepris de nombreuses démarches : négociations avec le propriétaire, actions judiciaires, inscriptions sur la liste de demandeurs HLM. Ils ont déposé des dossiers DALO, dont 6 ont déjà reçu une suite favorable. Il s’agit de personnes fragiles, souffrantes, aux moyens limités, qui vivent dans la crainte permanente de se retrouver brutalement à la rue. Leur seule faute est de ne pas avoir les moyens de se loger ailleurs. C’est pourquoi leur expulsion est scandaleuse. Elle montre une fois de plus que la Préfecture de police est dans la droite ligne de la politique gouvernementale : prétendre défendre au logement d’une main, expulser de l’autre.

Avec mon ami Gérald Briant, adjoint au Maire du 18^e, nous participerons à un rassemblement sur place, demain à 18 heures. J’ai également écrit une lettre au Préfet de Police. Je prépare un vœu au Conseil d’Arrondissement pour demander au Maire de Paris d’intervenir. Je connais l’hôtel en question et il serait déjà très urgent de faire des travaux de rénovation pour permettre aux locataires un logement décent. On ne peut pas nier la vétusté des lieux, on ne peut que le déplorer. Mais il est inacceptable que pour résoudre une situation difficile, on se contente d’expulser. Débrouillez-vous, c’est tout ce que ce gouvernement sait dire.

Le scandale des ascenseurs – et des ascensoristes

Au début de la semaine, nous avons fait voter au Conseil de Paris un vœu sur les ascenseurs. C’est un sujet beaucoup plus important. Ce n’est pas une question de détail. En fait, c’est un enjeu symbolique plutôt vertigineux quand on prend la peine de réfléchir un peu plus loin que son étage.

 

Pour raconter l’anecdote par le menu, cela commence par des locataires exaspérés dans un immeuble social de la rue Raymond Queneau, dans le 18^e. Depuis deux mois, l’ascenseur et le monte-charge sont en panne : la gardienne, les habitants, tout le monde se mobilise et harcèle l’ascensoriste. Mais en vain. Visiblement, cela ne lui semble pas très grave de laisser des personnes âgées, ou à mobilité réduite, monter 11 ou 14 étages par l’escalier. Il doit se dire que c’est bon pour la santé. En désespoir de cause, les locataires m’ont écrit.

 

A Roland Garros, sans chemise

Invité par la FFT à venir assister à une présentation du projet d’extension de Roland Garros, je n’ai pas résisté à assister aussi au match Monfils - Federer. Pourtant, au téléphone, quand on m’a dit : « n’hésitez pas à venir avec votre épouse » - j’ai écrasé un demi-sourire. Le Tennis est un monde étrange, très compassé, très engoncé. Ce qui n’empêche pas le plaisir d’un bon match de temps en temps. Pour l’occasion, j’ai proposé à ma collègue et amie Emmanuelle Becker d’être l’épouse d’un après-midi.

 

Marinette Bache vote pour le Front de Gauche

Comme d’autres Parisiens, j’ai découvert en lisant le blog de mon excellente collègue Marinette Bache, Présidente du Groupe MRC au Conseil de Paris, qu’elle allait voter pour la liste du Front de Gauche aux prochaines élections européennes. Depuis le début de la mandature, nous avons souvent proposé des vœux communs, nous avons porté les mêmes valeurs et défendu les mêmes causes. Le service public, la laïcité, la santé pour tous, ce sont des thèmes que nous avons en commun. C’est pourquoi je me réjouis de la savoir encore une fois à nos côtés. Et je veux saluer ici ce courage dont je ne doutais pas – mais qu’il faut remarquer quand même car d’autres ne l’ont pas.