Hier soir, je suis allé au théâtre pour me changer les idées – pensai-je. Le problème quand on fait de la politique, c’est qu’on parle politique, on pense politique, on mange politique et l’on dort politique. C’est comme un parasite qui vous accompagne partout, quelles que soient les circonstances.
Hier, au Petit Hébertot, j’ai assisté à une représentation des « trompettes de la mort », une pièce de Tilly. L’écriture, la mise en scène, les comédiens, tout était bon, juste, pertinent. Mais je ne pouvais pas me retenir : la machine à penser politique fonctionnait à plein régime, encore et toujours.
Ce que Tilly me donnait à voir et entendre, dans cette pièce, c’était la confrontation entre 2 femmes. Elles s’étaient connues gamines. L’une est une bourgeoise bohème avant l’heure. Elle est de gauche, évidemment. L’autre est une vieille fille, engoncée dans ses petites manies, qui mène sa petite vie sinistre dans son petit appartement parisien. Elle aime Julio Iglesias, elle est vaguement raciste et elle n’aime pas la politique. Et ces deux femmes finissent par se retrouver. J’ai passé la première partie de la pièce à rire des manies de la vieille fille. J’ai passé la seconde partie de la pièce à m’en vouloir d’avoir ri.
C’est cruel. C’est désespérant. Le spectacle est excellent, et la leçon politique est au rendez-vous quand on a l’esprit mal tourné – comme moi. Ce soir, je vais rêver politique.
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