A l’occasion du dernier Conseil de Paris, les élus ont débattu de l’opération d’aménagement des voies sur berges prévue par la municipalité. La discussion fut d’une rare qualité et a très clairement démontré les différences de vision de la ville entre la droite et la gauche. Pour cette raison, je vous livre mon avis sous la forme d’extraits « réorchestrés » de mon intervention.
En effet, l’aménagement des berges de Seine n’est pas une opération anodine, d’un point de vue symbolique mais aussi d’un point de vue politique. Le fleuve est en effet le point de départ de Paris, sa raison d’être et son origine. Et si le vingtième siècle avait privilégié des voies rapides sur ses rives, cela correspondait à un état d'esprit qui faisait de la voiture individuelle à la fois un marqueur social, un outil de communication et de déplacement.
Aujourd’hui, le monde a changé, la ville a changé. Le vingt-et-unième siècle a révolutionné la communication et les déplacements. Nous n’allons plus au monde, c’est le monde qui vient à nous. La vision de la ville a changé, elle aussi. Les Parisiens n’aspirent plus aux mêmes rythmes, à la même pratique urbaine qu’il y a cinquante ans. En réaménageant les berges du fleuve, nous proposons une nouvelle façon de vivre la ville, en plus de poursuivre l’action entreprise depuis 2001 en faveur de modes de circulation plus apaisés et plus doux.
Au pied de ce que l’Unesco a classé au patrimoine mondial de l’humanité, nous n’aurons plus à souffrir de longues lignes ininterrompues de véhicules polluants, ni le murmure entêtant des moteurs. Car cette rumeur, c’est celle du passé, ce n’est plus la nôtre, ce n’est plus celle à laquelle aspirent les Parisiens.
Une fois n'est pas coutume, l’UMP nous a fait le plaisir de proposer quelque chose, eux aussi, pour l’aménagement des berges du fleuve. Et j’ai été un peu déçu, car visiblement l’UMP conduit au rétroviseur. On hésite entre la stupeur et l’incrédulité. On retient même un sourire gêné devant ce vide grenier bétonné de vieilles idées. En effet, c’est un mélange étrange entre le Boulevard Circulaire de la Défense et un aéroport des années 80, comme si définitivement la droite parisienne était scotchée au vingtième siècle. J’ai un peu de peine pour cette conception du patrimoine mondial de l’humanité qui empile des caissons de bétons et installe une autoroute en sous-sol.
Je suis un peu triste que tout ce que l’UMP propose comme activité aux Parisiens, ce soit encore des commerces de luxe et une balade sur le toit des embouteillages. Quelle ville triste et déshumanisée, dont l'ambition écologique consiste à cacher ces voitures que l'on ne saurait voir, en les enfermant façon tunnel du Mont Blanc ! Sans dire que cela manque d’imagination, on devine que cela va coûter cher, puisqu’en plus il faudrait organiser un concours international d’architectes pour cette monstruosité. Je ne souhaite à aucun d’entre eux de ne jamais remporter un pareil concours à moins que le bunker devienne le nouvel idéal-type.
Ce que nous proposons, nous, c’est un espace ouvert et cohérent, ajustable et vivant, qu’il est possible de rendre exemplaire d’une nouvelle façon de vivre la ville, son rythme, sa géographie et son esprit. Il faudrait ainsi qu’il soit le lieu d’une expérimentation à taille humaine de notre besoin de solidarité et de partage – ainsi que de la reconnaissance des différentes fonctions et des différents temps de la ville : promenade, travail, loisir, rencontres, sport, culture. C'est-à-dire tout l’inverse de cette ambition de l’argent et du dioxyde de carbone sous cloche portée par la droite.
Le projet présenté par la municipalité répond à un besoin essentiel. En effet, l’une des caractéristiques de l’extrême modernité est d’accélérer le temps des communications et des transactions. Envahi par des flux d’informations toujours plus importants et plus rapide, l’homme moderne accélère le pas. Autrement dit, il enchaîne des temps toujours plus courts. C’est pour cette raison qu’il accorde d’autant plus d’importance à ce qui échappe à ce rythme effréné et qu’il recherche d’autres formes d’échanges et de rencontres. Comme n’importe quel être vivant, il a besoin de reprendre son souffle. C’est le sens de la culture, du sport, des loisirs. C'est précisément à cet enjeu-là qu'il s'agit de répondre avec ce projet.
Parce que cet espace doit profiter au plus grand nombre, parce qu'il doit être, à nos yeux, celui du partage et de la solidarité, nous faisons 4 suggestions afin d'enrichir ce projet de réaménagement des voies sur berges.
Parce que cet espace retrouvé doit être celui des Parisiens et de tous les habitants de la métropole, il nous paraît d'abord essentiel d'élargir au maximum le champ de la concertation. Nous suggérons ainsi que, dans tous les arrondissements de la capitale, une réunion publique et une exposition puissent être organisée. Cela suppose, aussi, d'associer les communes voisines et, au-delà, les départements de notre région.
C'est la même volonté qui nous anime lorsque nous proposons que les équipements publics qui seront installés sur les berges puissent être mis à disposition du plus grand nombre, et pas seulement des riverains qui habitent à proximité.
Parce que nous voulons placer les valeurs de solidarité au coeur de ce projet, nous suggérons également que des clauses d'insertion soient systématiquement introduites dans les marchés relatifs à cet aménagement.
Enfin, nous suggérons de faire de cet espace un lieu de développement de l'économie sociale et solidaire. Nous avions proposé, à maintes reprises, la création de halles alimentaires, permettant de mettre en relation directe des producteurs de fruits et légumes bios et des consommateurs. Il nous semble que les berges de Seine réaménagées nous donnent l'occasion de donner corps à ce projet.
Avec ce projet, il s'agit de faire en sorte que la Seine retrouve son sens premier, celui d’un déplacement doux, celui de l’échange, du partage et de la rencontre. Le fleuve est le premier espace naturel de coopération, à nous de le rendre aux Parisiens.
Une fois de plus, la gauche réalise des projets qui favorisent les touristes, les parisiens qui ne travaillent pas et ce au détriment de ceux qui financent ces projets, à savoir les parisiens qui travaillent.
Vous ne cessez de stygmatiser les véhicules individuels mais vous vous gardez bien de parler de la qualité des transports. Entre pannes, grèves, insécurité et chaleur, les transports parisiens sont tout simplement inutilisables lorsque l'on doit faire des trajets quotidiens de longue durée.
En ce qui me concerne, je me prononcerai plutôt pour un élargissement à 4 voies des voies sur berges afin de les rendre plus fluides. Elles sont complètement saturées aux heures de pointe donc si vous voulez fluidifier la circulation et faciliter la vie des travailleurs, c'est ça qu'il faut changer.
Et ne me parlez pas de l'amélioration des transports. Depuis le temps que vous et vos amis êtes aux commandes, la situation n'a fait qu'empirer. Il ne se passe pas une semaine sans une grève ou une panne.
Alors arrêtez de faire des projets pour les touristes et les chomeurs, faites des projets pour faciliter la vie de ceux qui font vivre l'économie française, les travailleurs. On en a marre de casquer pour financer vos projets pharaoniques qui nous pourrissent la vie!
Rédigé par : Hicham | 10 juillet 2010 à 13:29
J'aime beaucoup cette vision du 21ème siècle, faisons la grandir!
Rédigé par : Nicole Maréchal-Hougnon | 10 juillet 2010 à 20:15