Hier, en fin de matinée, j’étais invité aux vœux du Président de la République aux parlementaires – ainsi qu’aux représentants de la ville de Paris. Outre le Maire et quelques adjoints, les Présidents de groupes de gauche, et beaucoup d’élus de droite. Une file de voitures officielles a donc convergé vers le Palais de l’Elysée, un peu avant midi. J’étais dans celle de Georges Sarre, en compagnie de Marinette Bache et de ma complice du XVIIIe, Myriam El Khomri. En arrivant dans le VIIIe arrondissement, nous écarquillons les yeux – en nous disant que nous ne venions que très rarement dans ce quartier de Paris.
Devant l’Elysée, nous patientons une bonne demi-heure. Pourquoi ? Je ne le sais toujours pas, c’est ainsi, c’est tout. Puis on nous introduit dans la salle du drame, sorte de hall de gare de luxe, avec dorures, décoration clinquante et chargée, hauteur sous plafond démesurée (à moins de rentrer sur un éléphant ou une girafe), et lustres pesants qui menacent de nous assommer, voire pire – s’il leur prend l’idée de tomber. Ce doit être ce qu’on appelle – pour certains – les ors de la République. Le Président entre, nous nous levons tous. Les élus de droite l’applaudissent comme une rockstar. Nous, non.
Son discours est dans la ligne de ce qu’on entend depuis quelques mois. Avec toujours ce mélange de volontarisme, de méthode coué et d’arrogance. Les rédacteurs pensent probablement que cela va avec la figure d’un chef. Et que c’est ainsi que les ménages retrouvent leur moral. « Nous avons refondé le capitalisme » succède à « nous avons sauvé les banques » et précède « nous avons relancé la croissance ». Trois propositions dont au moins deux sont particulièrement romanesques. Pour le final : « je préfère être un omni-président » qu’un « roi fainéant ». Je lui reposerai bien la question de la monarchie élective (qu’avait posée le patron de Libé, il y a un an), mais je m’abstiens. Des applaudissements, encore. Ceux de la droite.
Ensuite, comme toujours, le buffet suit le discours. Enfin, presque toujours. Car j’aimerais bien qu’il y ait un buffet qui suive les vœux du groupe communiste à l’Hôtel de Ville, mais on nous a gentiment expliqué que nous devions payer nous-même, cette année. Ce qui n’a jamais été le cas, mais bon, bref : c’est la crise, nous dit-on. Cela n’empêche visiblement ni le Président de la République de commander des petits fours – quand il s’agit de ses vœux. Bref. Je n’ai pas beaucoup d’appétit. La vision d’un Jean-Marie Le Pen fondant sur le buffet dans les premières secondes de cette curée parlementaire m’a un peu coupé mes moyens.
Rapidement, nous repartons. Devant l’Elysée, avec Sylvain Garel et Myriam El Khomri, nous faisons une photo. Pendant ce temps, une députée de Seine et Marne, porte-parole de l’UMP essaie d’expliquer à un chauffeur qu’il a beau ne pas être le sien, « il pourrait l’emmener, quand même ! » L’une de ses collègues passe, vêtu d’une fourrure ostentatoire. Elle relève la tête, la hèle et la complimente sur son manteau. « Mais si, je t’assure, il te va très bien ! » se rengorge-t-elle. La voiture s’éloigne en catimini. Nous aussi.
- Tu es venu (parce que tu es poli),
- Tu as vu leur méprisable arrogance(parce tu es clairvoyant),
- Tu as vaincu (parce qu'ils ne t'arrivent même pas à la cheville),
- Mais au fait, as-tu eu le temps de sentir leur puanteur????
Rédigé par : Maud | 09 janvier 2009 à 00:40
Un talent certain pour l'écriture, je ne suis pas étonnée d'apprendre votre passion pour la littérature.
Je vous remercie d'être venu signer la pétition pour une rue au nom d'Aragon à Paris. Si vous pouvez nous aider à réaliser ce beau projet, je vous en serais très reconnaissante.
Bonne continuation,
Flora
(Hors sujet, mais aucune adresse n'est donnée pour vous contacter)
Rédigé par : Flora | 15 février 2009 à 09:57