L’un des amendements au budget que nous avons proposé au dernier Conseil de Paris visait au financement d’une campagne de prévention contre les dangers de certains produits qui blanchissent la peau – ou l’éclaircissent. Il a été voté à l’unanimité. Hier, j’ai rencontré la fondatrice de Label Beauté Noire, Isabelle Mananga, qui est certainement l’une des personnes les plus actives et les plus engagées en la matière. C’est également une femme remarquable, douée d’une énergie rare. J’espère que nous ferons du beau travail, ensemble, à Paris.
Parce qu’en l’écoutant, je réalise la complexité et la gravité de ce problème de crèmes éclaircissantes – qui dépasse largement le simple malentendu industriel. Il y a à l’évidence une question de santé publique à laquelle l’Etat et les collectivités locales sont encore très majoritairement insensibles. Une question politique, aussi, et sociale. La priorité, bien sûr, c’est d’organiser effectivement une campagne de prévention – tout simplement parce que les femmes et les hommes concernés ne sont pas avertis des terribles dangers de ces produits. Mais pas seulement. Il y a un enjeu démocratique dans cette campagne.
Parce que ces hommes et ces femmes sont également des Parisiennes et des Parisiens (pour prendre l’exemple de Paris) qui devraient avoir accès aux mêmes droits et aux mêmes services que les autres – et qui, de fait, ne l’ont pas. Madame Mananga m’a appris de quelle manière la plupart des dermatologues et des médecins, des hôpitaux ou des centres de santé, souffraient d’un terrible déficit de formation concernant justement les « peaux noires ». A une époque où il est de bon ton de plaider pour une diversité bienheureuse, on se rend compte que la « peau noire » est un facteur de discrimination médicale évidente. Ni les patients, ni les praticiens n’ont d’ (in-)formation adéquate. L’exclusion sévit ici aussi, dans les salles d’attentes et entre les blouses blanches. Il n’est pas acceptable que les professionnels de santé en soient réduits à du bricolage plutôt qu’à des soins en ce qui concerne toute une population. Il n’est pas acceptable non plus que les pouvoirs publics ne fassent rien. Ce combat qui commence est un combat pour un égal accès à la santé pour tous, mais pas seulement. C’est une exigence démocratique et politique.
Quand aura lieu cette campagne ? Je suis journaliste pour un magazine féminin et je voudrais en faire écho.
Merci
Yasmine Meurisse
Rédigé par : Yasmine Meurisse | 07 septembre 2009 à 17:12