Le spectacle donné par le PS au Congrès de Reims est assez lamentable. Les socialistes doivent au moins en tirer une leçon : ce n’est pas en comptant sur eux seuls qu’ils s’en sortiront.
C’est triste parce qu’il est tout à fait possible de rassembler toute la gauche autour de projets de gauche, et de mener une politique ambitieuse en associant communistes, Verts, MRC, partisans de Mélenchon et PS. La preuve en est – certains jours – la Ville de Paris. Parfois, ce n’est pas facile, il faut s’y reprendre à deux ou trois fois. Mais c’est payant. Lundi prochain, le Conseil de Paris votera la délibération portant sur la remunicipalisation de l’eau – un projet de gauche, avec des enjeux sociaux, écologiques et démocratiques. Et surtout un combat de 25 ans des élus communistes…
Exposons les faits : le service public de l’eau a existé à Paris jusqu’en 1984. Par la grâce de la foi néolibérale du RPR de Jacques Chirac, Maire de Paris, ce service public a été démantelé et cédé au privé par appartements – on entendra ici une série de délégations de service public. Le raisonnement était jésuitique : le privé, cela marche mieux que le public ! Avec le privé, les tarifs vont baisser (les effets miraculeux de la concurrence) et les investissements de structures seront plus importants. 25 ans plus tard, les tarifs ont augmenté de 129% et les investissements ont plongé… En revanche, les marges bénéficiaires des sociétés privées sont de l’ordre de 30% du prix payé par les Parisiens au litre. Et Jérôme Monod, personnalité éminente du RPR et dirigeant émérite de la Lyonnaise des Eaux a obtenu la moitié du marché. Pour le moins, une plongée en eaux troubles…
Dans les années 80 et 90, on a privatisé 80% de la distribution d’eau en France. Par idéologie, le plus souvent – parce que les services publics de l’eau ont toujours très bien marché. Résultat : aujourd’hui, beaucoup de villes remunicipalisent. Entre-temps, on a pu assister au déballage médiatique d’affaires de corruption (souvenez-vous de Grenoble), et a des surcoûts tarifaires proprement indécents. Les marges, toujours les marges ! Il est vrai que l’on ne peut pas fermer le robinet. On a besoin d’eau. L’être humain ne survit pas sans eau : quelle formidable aubaine ! Quelle formidable rente de situation pour les deux leaders mondiaux et français du secteur : Suez et Veolia ! Des actionnaires contents, voilà ce qui compte. L’industrie française en marche, monsieur ! Et pendant ce temps, on se moque bien de savoir que ce sont les familles les plus pauvres et les plus nombreuses qui souffrent de l’essentiel de la hausse des tarifs…
L’eau est un bien universel. Cela a toujours été la position des communistes. Pendant 25 ans, les élus communistes de Paris ont lutté pour défendre puis réinstaurer le service public de l’eau. Jusqu’en 2001, on nous a ri au nez. Mais même après l’élection de Bertrand Delanoë, les choses n’ont pas été simples. On a voulu nous vendre un compromis : des avenants aux contrats qui lient la ville et les distributeurs. Pour notre part, nous nous sommes battus et nous avons fini par convaincre nos partenaires de gauche…
Je suis fier de ce combat, aujourd’hui. Je suis fier de voir se mettre en place un nouveau service public moderne qui fera la part belle à la démocratie : les élus parisiens siègeront en nombre au Conseil d’Administration aux côtés des représentants des usagers, du personnel, du monde scientifique, des associations environnementales… Qui a dit que la gauche ne pouvait pas se rassembler ? Quand elle est fidèle à ses valeurs, ses idées, ses projets, elle peut se rassembler !
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