Qui a dit que la crise déprimait les masses ? Et si elle donnait lieu, au contraire, à un regain de combativité sociale ? J’étais vendredi dernier, à midi, avec les salariées des Galeries Lafayette. Elles sont là, par centaines, rassemblées devant le magasin. Elles sont en grève, mobilisées contre l’extension de l’ouverture le soir. Leurs mots d’ordre claquent « salaires de misère = volontariat obligatoire ! » ou encore « doit-on terminer tard pour gagner sa vie ? ».
La plupart de ces femmes vivent en banlieue parisienne. Lorsqu’elles terminent à 22 heures, les temps de trajets en transports en commun sont considérablement allongés et ce travail n’est même pas payé en heures de nuit puisque les heures de nuit commencent à 22 heures. Si elles refusent les nouveaux horaires, elles sont déplacées à des postes qui ne remportent pas les primes qui venaient compléter leur rémunération. Certaines gagnent 1.500 euros après 29 ans de magasin.
Je mets mon écharpe d’élu. Plusieurs d’entre elles viennent discuter avec moi. L’une me dit qu’elle est une ancienne militante communiste. Elle travaille comme démonstratrice. De mémoire d’ancienne des Galeries, elle n’a pas vu une telle mobilisation depuis longtemps. Une de ses collègues s’introduit dans notre discussion. Elle vit à Aulnay – le « bon côté d’Aulnay », précise-t-elle, celui des pavillons. Très vite, elle me parle politique. Elle me parle de la gauche, me dit que tout fout le camp. Elle me confie qu’elle est socialiste, qu’elle a voté Ségolène, qu’elle a milité pour elle et que l’état de la gauche l’inquiète. Elle me parle de révolution, « parce que ça va bien finir par péter ».
Elles terminent toutes les deux en me disant que ma venue leur a donné la pêche. Ca tombe bien. Leur présence m’a filé la pêche, à moi aussi.
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