Cet après-midi, au Conseil de Paris, nous délibérons sur le travail, le dimanche. Par principe, je ne peux pas être pour. La semaine dernière, ma rencontre avec les employées des Galeries Lafayette m’a conforté dans ce principe. L’extension de l’ouverture, le soir ou le dimanche, c’est (presque) la même chose. Ce qui est en cause, c’est la déréglementation du marché du travail au nom de l’emploi, du chômage ou de la crise (ce qui est à peu pareil, étant donné que ce n’est qu’un prétexte). D’autres pourraient dire que le salarié est désormais corvéable à merci. On disait cela du serf, au Moyen-Âge, c’est encore le rêve de certains, aujourd’hui.
On nous explique que l’on n’obligera personne à travailler le dimanche. Effectivement, cela aurait un peu de mal à passer. Mais que l’on ne nous mente pas : le soi-disant volontariat dont on parle, ce n’est pas celui des employés, c’est celui de l’employeur. Les travailleurs concernés gagnent en général si peu qu’ils se prononcent sur la base de la nécessité, pas du volontariat. En acceptant l’extension de leurs horaires de travails, ils rognent sur leur vie personnelle, leurs loisirs, leur famille – et pour quoi ? Pour 100 ou 200 euros de plus ? Il faudrait qu’ils disent merci, ces ingrats, parce que le seigneur du lieu, le petit baron du centre commercial, leur donne l’aumône.
L’entreprise est le lieu de la domination contemporaine. Le système politique s’est fluidifié, une partie des relations sociales se sont apaisées. En revanche, dans les entreprises, la minorité exploite toujours la majorité à son profit. En son nom, il faudrait que les travailleurs se tuent un peu plus à la tâche. En votant, cet après-midi, des extensions d’ouverture, le dimanche, c’est cela, que l’on avalise. Si on permet certaines ouvertures, le dimanche, c’est à condition que ce soit les patrons qui disent merci. Qu’ils donnent des primes – de vraies primes, pas des oboles – et qu’ils soient tellement encadrés et contrôlés que ce soit une occasion, au contraire, de renforcer le droit du travail et des salariés.
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