Plongé dans la préparation du Conseil de Paris, hier, je prends le temps de me rendre à l’hommage organisé à la mairie du 11e arrondissement en l’honneur de Josette Dumeix, grande figure de la résistance et militante communiste. Je crois en effet très important de ne pas abandonner la mémoire communiste à nos adversaires car ils ne sont pas toujours très honnêtes avec nous. Et avant le Conseil de Paris, cela permet de se souvenir du sens et de la continuité de nos luttes. Néanmoins, à demi noyé dans les travaux de commissions, la rédaction de nos interventions, le vertige de la lecture intégrale des délibérations et un tunnel de réunions diverses et techniques, j’en avais presque perdu mon sens de l’humour – et la circonstance ne s’y prêtait pas beaucoup, avouons-le.
Caché derrière mon écharpe, je vois pourtant une vieille dame charmante me dévisager et me reconnaître. Elle s’approche de moi, tout sourire. J’émerge de mon écharpe et je lui rends son sourire. Nous nous saluons. Elle me dit gentiment qu’elle est très heureuse de me voir ici. Je suis sur le point de la remercier quand elle continue sans respirer : « je vous ai vu chez Drucker. » Un instant, saisi par le froid, perplexe, je me demande quand est-ce que je suis passé chez Michel Drucker. Serai-je à ce point obsédé par le prochain Conseil de Paris que j’en ai oublié une après-midi sur le sofa rouge de « Vivement dimanche » ? En feuilletant mentalement mon agenda, je ne trouve pas. D’ailleurs, je ne connais pas Michel Drucker. Je commence à comprendre, et la confusion de cette dame si gentille me rend ma bonne humeur. Un peu gêné, je n’ose la détromper. Après quelques minutes, ce n’est tout simplement plus possible. « En ce moment, avec tout ce qui se passe à la Poste, vous devez être très occupé ! » Ce n’est pas faux. Je noie le poisson une fois, deux fois, trois fois. Mais ce satané poisson se débat comme un furieux et je ne sais plus comment m’en sortir. L’hommage qui commence vient me sauver la mise.
A la fin de la cérémonie, la vieille dame charmante s’approche à nouveau. Je rougis imperceptiblement en me demandant ce qu’il faut faire. Est-ce que je ressemble vraiment à Olivier Besancenot ? Je rassemble mon courage, je m’apprête à tout lui avouer. Son sourire est un peu crispé, cette fois. Elle me regarde avec un soupçon de regret et beaucoup de bienveillance : « En fait, ce n’est pas vous, n’est-ce pas ? » Je me mords les lèvres. Si, si, c’est bien moi, mais je ne suis pas lui. Et sur cet échange existentiel un peu déstabilisant, je retourne à mes dossiers, le cœur beaucoup plus léger qu’en arrivant.
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