C'est presque la fin du week-end. J'ai pu profiter du dimanche pour me reposer un peu. Le samedi, en revanche, c'était manifs et réunions avec mes camarades communistes de Paris. Voici donc quelques nouvelles.
Manif d'abord. Coïncidence : les rassemblements pour fêter la chute de Ben Ali en Tunisie et celui pour protester contre la loi Loppsi 2 tombaient en même temps. En tant que responsable aux questions de sécurité au PCF, il me revenait d'aller au second. On n'a pas fini de décortiquer cet énième dispositif législatif, véritable fatras de mesures sans aucun lien avec l'objectif affiché, qui sera discuté en deuxième lecture au Sénat à partir de mardi.
Autre mesure phare de cette loi Loppsi : l'interdiction des marchés de la misère qui se développent un peu partout à Paris, en particulier dans l'est de la capitale. Plutôt que de se battre pour faire reculer la pauvreté, interdisons les marchés de la misère. Quoi de plus simple, en effet ?
A ces mesures-là, s'ajoutent d'autres dispositions qui accélèrent les politiques déjà à l'oeuvre en matière de lutte contre la délinquance et qui ont déjà fait la preuve de leur inefficacité. La loi prévoit par exemple que les préfets pourront décider d'une utilisation accrue de la vidéosurveillance, notamment en cas de grands évènements publics et sportifs. Et ce, même si les communes y sont opposées. Le maillage vidéo du territoire prévoit de tripler le nombre de caméras (60 000) et de "permettre aux services de police et de gendarmerie d'accéder aux images". Pourtant, toutes les enquêtes prouvent que la vidéosurveillance n'est d'aucun effet pour faire reculer la délinquance. Un exemple : les vols avec violence ont progressé de 40% en 2010 en Ile-de-France, essentiellement à cause de l'explosion des vols de smartphones dans le métro. Pourtant, les transports en commun sont truffés de caméras. Dans ces conditions, qui osera encore nous vanter les effets dissuasifs de la vidéosurveillance ?
Dans le même temps, la loi pousse un peu loin une tendance déjà amorcée qui consiste à externaliser des missions autrefois dévolues à la police nationale et à la gendarmerie. Les policiers municipaux seront ainsi autorisés, dans certaines circonstances, à procéder à des fouilles, des contrôles d'identité et des dépistages d'alcoolémie. De même, dans le métro et le RER, les agents de sécurité des exploitants pourront procéder à des contrôles d’identité. Ils pourront même exclure un usager récalcitrant de l’espace des transports publics, et seront chargés de le conduire à l’officier de Police Judiciaire le plus proche.
Dans une logique similaire, la privatisation des missions de sécurité s'accentuera et le statut des entreprises de sécurité sera renforcé. D'ici à quelques années, les effectifs sécuritaires du privé (170 000 salariés environ aujourd'hui) pourraient être supérieurs à ceux de la police et de la gendarmerie (220 000).
Le gouvernement balaie ainsi d 'un revers de main les enquêtes récentes qui prouvent les dangers que recèle l'externalisation des missions de sécurité. Dans un document diffusé il y a une semaine par France 2 (Envoyé Spécial), deux journalistes parvenaient sans mal à prendre l’avion avec une arme dans leurs bagages. En cause : la sécurité aéroportuaire, assurée aujourd’hui par des sociétés privées.
Bref, cette loi n'annonce rien de bon, et je sais que nos parlementaires au Sénat, mes camarades Nicole Borvo-Cohen-Séat et Eliane Assassi, auront à coeur de défendre une tout autre conception de la sécurité.
Voilà donc pour la loi Loppsi et pour les raisons qui me conduisaient à participer à ce rassemblement. J'ai pris le temps d'écouter les discours des uns et des autres. Une remarque, quand même. Nous étions tous là parce que nous rejetons cette loi indigne. Cela ne m'empêche pas de ne pas être toujours d'accord avec ce que j'ai pu entendre. A mes yeux, l'impératif de sécurité n'est pas condamnable en soi. Ce qui est scandaleux, ce n'est pas que le gouvernement se batte contre la délinquance. Ce qui est scandaleux, c'est qu'il prétende le faire, et qu'il ne le fasse pas. C'est que pour lui, la lutte contre l'insécurité n'est qu'un prétexte pour faire passer des mesures qui ne contribueront en rien à la faire reculer. Ce qui est scandaleux, c'est l'imposture. Je sais que tous ceux qui étaient là ne partageaient pas forcément ce point de vue, mais c'est le mien, et c'est très bien comme ça...
Un mot, pour finir, sur mes rencontres avec mes camarades communistes parisiens. Samedi matin, place du Colonel-Fabien, nous avions rendez-vous pour les voeux de la Fédération de Paris du PCF. Le soir, c'était le repas des communistes du 20ème, placé cette année sous le signe d'une belle victoire : la sauvegarde du centre IVG de l'Hôpital Tenon, grâce à une belle mobilisation unitaire. En ce début d'année, il y a beaucoup d'interrogations dans la tête des communistes. Je les comprends. Il aurait été plus simple, à l'évidence, de désigner un candidat communiste à l'élection présidentielle, de choisir nos candidats aux élections législatives, et de partir en campagne. Nous avons déjà procédé ainsi. Nous avons vu le résultat. Et il me semble que personne n'a envie de retenter l'expérience. La démarche du Front de gauche est peut-être difficile à mettre en oeuvre, mais c'est la seule qui vaille. Plus le Parti socialiste part à la dérive, plus la responsabilité qui pèse sur les épaules du Front de Gauche est grande. Il va donc nous falloir du temps pour débattre, pour bâtir notre programme et désigner nos candidats. Mais ces efforts seront payants lorsque le temps de la campagne sera venu.
A force de trop nous écouter nous-mêmes, nous oublions parfois d'écouter ce que les autres disent de nous. Dans le Journal de Dimanche, Daniel Cohn-Bendit disserte sur le Front de Gauche. Plus précisément, il disserte sur Marine Le Pen et allez savoir pourquoi, elle lui fait penser à Jean-Luc Mélenchon. Selon lui, « Mélenchon n'est pas Marine Le Pen, mais sa manière de faire de la politique est aussi exécrable ». Il reproche notamment au député européen de ne « rien foutre au Parlement européen ». On admirera la haute tenue de cet entretien. Une chose est certaine en tout cas, c'est que Daniel Cohn-Bendit siège depuis fort longtemps au Parlement européen et qu'il nous chante ses louanges depuis presque aussi longtemps. On n'a pas le sentiment que son investissement au Parlement européen ait contribué de manière décisive à changer l'Europe. Il faut peut-être en conclure que l'Europe telle qu'elle est lui va très bien. Il y a autre chose qui m'a frappé dans cette interview. C'est le titre : « Daniel Cohn-Bendit : Je ne vois pas la gauche gagner ». Avec des gens comme lui, c'est certain. Et si, pour gagner, il fallait d'abord qu'il la mette en sourdine ?
En les lisant, lui, Manuel Valls et les autres, je me dis qu'après tout, leur énervement est peut-être à la mesure de l'espoir que nous pouvons faire grandir avec le Front de Gauche.
Cohn Bendit, ce personnage agité et logorrhéique, je ne l'ai jamais supporté, y compris en 68 où il commençait ses basses besognes d'intox.
Le dilemme comment sortir de l'ostracisme dans lequel tous ces gens "bien intentionnés" tentent de nous maintenir, si ce n'est en cherchant les alliances possibles, sur un projet élaboré, discuté, sans perdre pour autant notre identité! Surtout ne pas recommencer le passé.
Le fait de ce type d'attaque contre Mélanchon, même si je peux émettre quelques critiques à son égard, semble commencer à déranger. Donc, par voie de conséquences, le Front de Gauche, quelque soit en fin de compte le candidat retenu, commence à poser problème à ceux qui nous gouvernent et à ceux qui rêvent depuis des dècénies de nous voir disparaître. Merci les "moribons se portent bien.
Hier j'étais à "Fabien", jeudi à l'Hôtel de Ville. Ce sont des moments importants, chaleureux et fraternels qui nous aident à être ce que nous sommes,de confirmer nos choix politiques et assumer nos engagements.Rencontrer des jeunes était réjouissant et plein d'espoir pour l'avenir, notre avenir. Bravo pour le combat mené depuis plusieurs mois pour la réouverture du centre d'IVG de Tenon.
Rédigé par : huguette Azavant | 16 janvier 2011 à 20:03