Je les entends déjà nous expliquer sur tous les tons qu'ils ont gagné la bataille. Evidemment, la mobilisation d'hier était moins puissante que celle de ces dernières semaines. Pour autant, il faut prendre la mesure de ce qui s'est produit, depuis début septembre. Deux à trois millions de manifestants à l'occasion de 7 journées de manifestations, un soutien populaire exceptionnel, des grèves particulièrement suivies, tout cela n'est pas banal. De même, il est vrai, que l'acharnement du gouvernement à maintenir jusqu'au bout un projet qui fait l'objet d'un tel rejet, n'a rien de banal non plus.
Ceux qui luttent n'ont pas une mémoire de poisson rouge. Tout cela laissera des traces. D'abord, parce que le peuple a retrouvé confiance en lui, parce que des centaines de milliers de salariés ont retrouvé le chemin de l'action collective. La CGT a ainsi gagné, depuis la rentrée, quelque 8500 adhérents, dont 2000 au cours des deux dernières semaines. Et puis, il faut bien le dire, l'agenda politique s'en trouve bouleversé. Tout l'été, le gouvernement a tenté de faire revenir au premier plan la question de l'immigration, à coup de slogans nauséabonds et de mesures xénophobes pour mieux effacer l'ardoise Bettencourt. Désormais, il est clair que la question sociale, l'enjeu du travail et celui d'une autre répartition des richesses se sont imposés comme jamais au coeur du débat politique. C'est sans doute l'acquis le plus spectaculaire des mobilisations de ces dernières semaines.