Ce matin encore, en lisant Le Parisien, on peut constater que la droite Parisienne n’a peur de rien. Discrimination, manipulations, fausses vérités et vrais mensonges : tout y passe. On connaît depuis longtemps ses hypocrisies en ce qui concerne le logement social (« oui, tant que ce n’est pas chez moi »), mais la ligne jaune est franchie des deux pieds, voire des quatre, par Jean-François Lamour et Claude Goasguen depuis une petite semaine. Ainsi, le maire du 16e vient-il de déclarer aux journalistes que le logement social « dénature » son arrondissement – qu’il est même une « anomalie ». Autrement dit, le logement social d’un côté, le 16e de l’autre : préservons-nous par pitié de toute mixité sociale.
Les mots ont leur importance, et je sais que Claude Goasguen ne parle pas par hasard – Jean-François Lamour, lui, voudrait faire croire qu’il ne sait plus ce qu’il dit (à l’AFP, il a déclaré qu’il ne « pensait pas » avoir précisé « l’origine géographique des familles » qu’il stigmatisait – voir mon post du 25 mai). Quand un maire dit qu’une certaine catégorie de logements dénature sa ville ou son arrondissement, il ne parle pas d’harmonie architecturale, comme il voudrait le faire croire : en effet, les ensembles dont on parle sont dessinés par l’agence japonaise Sanaa (Pritzker Price d’architecture) ou par Christian de Portzamparc. En vérité, Claude Goasguen parle des demandeurs de logements, des fragiles, des précaires, des familles les moins favorisées. Des pauvres que les riches ne veulent pas voir en face de chez eux.
On retrouve là un discours ancien et sordide qui exclut d’un même mouvement les pauvres, les fous, les malades et les criminels. Un discours en son temps étudié par Michel Foucault et dont on retrouve la tendance à l’amalgame chez Jean-François Lamour et Claude Goasguen lorsqu’ils évoquent (l’un dans le Parisien, la semaine dernière, l’autre dans le Figaro en février), les « risques d’insécurité » ou les « délinquants multirécidivistes » que draine inévitablement la construction de logement social. Un discours haineux, méprisant, nauséabond et indigne d’un élu de la République.
Pour information, Claude Goasguen est un radical de la chose : dans le 16e arrondissement, on ne compte que 2,5% de logements sociaux. 17,5 % de moins que le seuil légal. Très franchement : plus il se déverse en petites phrases honteuses, plus il nous motive.
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