Ce lundi, à l’occasion de la discussion budgétaire au Conseil de Paris, les débats ont soudain pris un tour étonnant au moment de mon intervention. Agacé comme beaucoup d’élus locaux par le désengagement de l’Etat et sa légèreté à payer ses dettes aux collectivités locales, j’avais décidé de joindre le geste à la parole. Sous ma veste, je portais donc un tee-shirt adapté aux circonstances : « Madame Lagarde, rendez l’argent ! ». Avec une petite ardoise d’écolier et le montant de ce que doit l’Etat aux Parisiens, à savoir 220 millions d’euros.
Depuis, les services municipaux m’ont appris que le nouveau chiffre se situait en réalité plutôt aux alentours de 300 millions d’euros. Car je ne sais pas si ce gouvernement travaille plus, mais en tout cas, il fait toujours plus de dettes et de déficit.
Au-delà d’une histoire de tee-shirt, ces 220 (ou 300) millions d’euros ne sont pas anodins – même si pour un gouvernement qui lève milliard sur milliard, tout cela doit paraître mesquin, voire superflu, je suppose. Deux questions se posent : sur quoi l’Etat rogne-t-il ? Et que représentent 220 millions d’euros pour une ville comme Paris ? A la première question, la réponse est évidente. Alors qu’il vole au secours des riches et des puissants, l’Etat se paye de mots – et rechigne à se payer d’autre chose – quand il s’agit de catégories plus fragiles de la population. Ces 220 millions, ce sont notamment 106 millions au titre du RMI, plus de 10 millions pour l’aide personnalisée d’autonomie (à destination des personnes âgées) et presque 50 millions pour la couverture du périphérique (que l’Etat s’était engagé à cofinancer avec la région et la ville).
Autrement dit, les plus fragiles, les plus âgés, les plus délaissés, le gouvernement s’en moque. J’imagine qu’il ne doit pas les considérer comme très importants ou très rentables. En attendant, c’est la Ville qui paye – parce que nous, nous trouverions indigne de les abandonner. Chacun ses combats.
Et qu’est-ce que représentent ces 220 millions pour une ville comme Paris ? 220 millions, ce sont par exemple plus de 40 crèches, plus de 40 bibliothèques – ou encore une grosse dizaine de piscines. Autant dire que ce n’est pas rien quand on essaye de construire un maximum d’équipements publics pour amortir les effets de la crise…
Bref. Visiblement, les élus de droite de l’entendaient pas ainsi, ce lundi. Tout ce qu’ils ont vu, c’est un conseiller de Paris en tee-shirt. Alors que je lisais calmement mon intervention sur le budget de la ville, on a entendu des cris aussi ridicules que désolants – comme « un Conseiller de Paris, cela met une chemise et une cravate ». Moi, je pensais qu’un Conseiller de Paris, c’était un élu au service des Parisiens… Je ne savais pas que c’était un type en uniforme. Chacun ses priorités.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.