La grande affaire du prochain Conseil de Paris, c’est le budget. Mais l’arbre cachant souvent la forêt, il ne faudrait pas oublier de regarder d’autres sujets, importants voire essentiels, qui avancent masqués. Par exemple, celle dite du « plan 1000 caméras » de la préfecture. Ce jeudi après-midi, l’adjoint à la sécurité, Georges Sarre, nous en a présenté les grandes lignes et la charte qui l’accompagne. Voilà ce que j’en pense : la sécurité, oui, mais pas aux dépends des libertés. Je suis libre à condition d’être en sécurité. Mais la sécurité est aussi le prétexte tout trouvé pour restreindre les libertés publiques. Depuis le Patriot Act, on ne nous la fait plus…
Bref.
La sécurité est un droit. Surtout dans les arrondissements les plus populaires de Paris comme le 18e. Tout le monde doit pouvoir rentrer le soir chez soi, tranquillement, sereinement. La sécurité n’est pas négociable. Les plus fragiles trinquent toujours. Et politiquement, on fait le lit des plus excités d’entre nous. Je ne vous fais pas de dessin. Mais les caméras de surveillance, est-ce la solution ? Doit-on « balkanyser » Paris ? Quand on lit les études et les chiffres de la vidéosurveillance, on a parfois un doute.
Au chapitre des certitudes, nous n’avons pas grand-chose. Si l’efficacité de la vidéosurveillance est prouvée dans les espaces clos (transports, grands magasins, banques), rien n’est moins sûr en ce qui concerne l’espace public. Le vandalisme cesse, en général. Le sentiment d’insécurité diminue, ce qui n’est pas plus mal. Mais la plupart du temps, il y a toujours autant de vols et d’agressions. A Levallois-Perret, puisqu’on parle de Balkany, on a même noté une augmentation des vols depuis l’installation des caméras…
En matière de sécurité, ce qui fait la différence, c’est la présence humaine. Le hic, c’est qu’à Paris, on ferme des commissariats (porte de la Chapelle, par exemple) et que la Préfecture prétend que nous avons trop de policiers. Elle pourrait profiter de la vidéosurveillance pour légitimer une baisse des effectifs… Or, les caméras seules ne servent à rien. Passées quelques semaines, la dissuasion est nulle. Un rapport de l’Institut National des Hautes Etudes en Sécurité le précise comme une évidence : il faut des personnels pour regarder les écrans mais aussi pour agir sur le terrain, à l’appui des informations relevées par les caméras.
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