En fin d’après-midi, à l’appel notamment de la CNL, je me rendrai devant le Sénat pour manifester ma lassitude, mon dégoût et mon opposition au Projet Boutin. Car c’est au Sénat que l’on discute aujourd’hui son projet de loi sur le logement et la lutte contre l’exclusion. Dans les termes, c’est déjà une indécence et une arnaque – à la hauteur du découragement des associations. Nous arrivons aux limites d’une habitude de ce gouvernement-là, de cette droite-là, qui fait de la communication à coups de marteau plutôt que de la politique – et quand elle en fait, rarement, elle le fait aussi à coups de marteau : c’est le problème. Le projet de loi Boutin, c’est un projet sans logement et sans lutte contre l’exclusion. C’est un non-projet.
Le plus détestable dans tout cela, c’est peut-être la campagne idéologique fiévreuse qui veut opposer les mal-logés aux logés et accrédite l’idée que les locataires d’HLM sont des magouilleurs ou des profiteurs. Et de manière générale, le mot d’ordre, c’est « débrouillez-vous tout seul ». La France de propriétaires qu’on nous vend tous les jours, c’est une France où les plus fragiles s’endetteront toujours plus au profit d’un Etat qui se désengage. Dans des temps préhistoriques, Jean-Louis Borloo avait parlé du logement comme d’une « grande cause nationale ». C’est le premier poste de dépense des ménages, en effet. En revanche, ce n’est pas le premier poste de dépense de l’Etat puisque l’on baisse même de 7% son budget au faux prétexte du fameux 1%. La grande cause nationale a fait long feu. Si c’est ainsi qu’on les traite…
L’accès au logement est toujours aussi difficile, voire plus difficile que jamais, et pourtant rien dans ce projet pour y remédier. La fameuse loi instituant le Droit au Logement Opposable est toujours aussi creuse – et ne débouche sur rien. Quant à la loi SRU, on la déshabille encore un peu plus (il ne suffisait donc pas de ne pas l’appliquer) en intégrant dans le calcul de ses 20% les opérations d’accession sociale à la propriété. A ce titre, je remarque qu’on s’empresse de poursuivre les municipalités qui refusent d’appliquer le service minimum (auxquelles les tribunaux administratifs ont cependant donné raison), alors qu’on tolère tous les accros faits à la loi SRU. La grande cause nationale est loin. Nous n’avons pas les mêmes priorités, ni les mêmes valeurs, c’est certain. A Paris, nous consentons chaque jour des efforts supplémentaires pour accroître notre offre de logement social. L’Etat, lui, ne veut plus en entendre parler. « Débrouillez-vous » lance-t-il d’un même ton aux collectivités locales et aux mal-logés…
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