La crise rebat les cartes. Le capitalisme est plus que jamais contesté. Pour autant, cela ne règle pas les difficultés auxquelles le Parti communiste est confronté, comme je l'entends dire ici ou là. Il n’y a que nous – et encore - qui puissions penser que l’incarnation politique de l’anticapitalisme ne passerait que par nous. Et penser cela, c’est prendre le risque du statu quo. Si nous sortons de notre congrès persuadés d’avoir sauvé l’essentiel parce que nous aurions conservé un nom, un logo ou des locaux, nous aurons commis la plus catastrophique des erreurs. Croyons-nous si peu à nos idées que nous voulons les confiner à la marge ? Que nous voulons les empêcher de vivre ?
La crise nous renvoie à nos responsabilités. Elle souligne encore un peu plus le fossé qui s’ouvre entre le besoin de changement et la difficulté à l’incarner politiquement. La question qu’elle pose, plus actuelle que jamais, c’est celle du changement de système et de la rupture avec le capitalisme. Le rôle du Parti Communiste est d’incarner ce changement – ou, au moins, de contribuer de manière décisive à cette perspective. Force est de reconnaître que nous en sommes loin, aujourd’hui. Au mieux, nous sommes identifiés à la préservation d'un certain nombre d'acquis.
La crise nous impose deux pistes de travail.
La première concerne notre projet politique. Il ne s’agit pas d’égrener une série de propositions mais d’affronter la question du sens. Car c’est sur cette question que bute le capitalisme. Et c’est pour cette raison que Nicolas Sarkozy en appelle à la religion, tentant ainsi de redonner de l’âme à un système qui ne produit plus de sens. Un exemple: le travail et la production. Combien de salariés se rendent aujourd'hui au travail en se disant qu'ils vont faire quelque chose d'utile ? Une infime minorité. Cela doit nous conduire à porter très fort la question d'un autre mode de développement que celui qui conduit à la crise.
La seconde concerne notre stratégie. Pour donner une crédibilité politique à ce changement, il faut rompre avec la division de la gauche en deux blocs imperméables l’un à l’autre. Ce n’est pas pour rien que la droite souffle sur ces braises-là. Pour autant, il ne s’agit pas de ressusciter la gauche plurielle. A l’heure actuelle, une nouvelle expérience de ce type pencherait encore plus à droite qu’en 1997-2002. Pour faire bouger le centre de gravité de la gauche, il nous faut dès à présent jeter les bases d'un nouveau front populaire, avec tous ces hommes et ces femmes de gauche qui rejettent les politiques libérales et qui sont aujourd'hui orphelins d'une perspective politique. Les élections européennes peuvent être l'occasion d'un tel rassemblement.
Voilà en quelques mots – et pour faire court – ce que m'inspire la situation. Et c'est bien dans cet esprit que, mercredi prochain, je voterai en faveur du texte de base commune proposé par la direction nationale. Parce que des trois textes qui sont soumis à nos suffrages, c'est celui qui ferme le moins de portes.
Tu as raison Ian et tu explques très clairement l'enjeu: se gargariser de grands mots ou faire avancer une union populaire capable d'affronter le capitalisme. La base commune du CN du PCF va nettement dans le sens de cette deuxième solution. Moi aussi je voterai pour ce texte.
Rédigé par : Maud.H | 25 octobre 2008 à 16:10