C’est la rentrée des enseignants – et j’ai un drôle de pincement au cœur.
Les trois dernières années, à cette date, je renfilais mes habits de professeur de lettres et je prenais mon RER. Cela me manque un peu. Au moment de choisir entre aller enseigner au lycée ou continuer la recherche à l’Université, j’avais choisi le lycée sans hésiter parce que j’avais le sentiment que j’y serais plus utile. C’est le même besoin d’être utile qui m’a poussé à m’engager au Parti Communiste. Et parfois, quand je suis en séance au Conseil de Paris, j’ai cette amusante sensation que, entre mes élèves de banlieue et les élus parisiens, les plus dissipés ne sont pas toujours ceux qu’on croit...
Une image me revient à la lecture des journaux du matin. Au moment de la mobilisation contre la réforme de l’école primaire, l’année dernière, je revois les salons de la mairie du dix-huitième arrondissement envahis par des centaines de familles populaires venues soutenir les professeurs de leurs enfants. C’est à ce moment-là qu’on comprend ce que cela signifie d’enseigner. Le rôle que l’on tient. L’importance et le besoin d’une école républicaine quand on veut la soumettre à des critères de production et de rentabilité absurdes.
A ce propos, je pense à notre cher ministre, Xavier Darcos, qui veut pallier les suppressions de postes (qu’il impose tout seul et en dépit du bon sens) par le recours aux heures supplémentaires et le rappel des professeurs détachés. Il me semble que Xavier Darcos aussi est un professeur détaché. Et si on le rappelait, lui ? Non ? Je ne sais pas si les élèves méritent qu’on leur inflige cela.