Hier, à la tribune de l’ONU, Nicolas Sarkozy intervenait au nom de la France et au nom de l’Union Européenne. Il a prôné des réponses collectives aux crises financières, alimentaires et militaires, et plaidé pour un capitalisme régulé. Dans le même temps, Bush fait un quasi-chantage aux élus du Congrès Américain pour qu’ils adoptent son plan de sauvetage de la finance américaine – après avoir nationalisé trois très grosses entreprises, la semaine dernière.
Pour l’auditeur attentif des discours de l’un et de l’autre, on est passé en quelques mois du coq à l’âne. En fait, il n’y a ni virage, ni révolution, rien qu’un bon vieux pragmatique teinté d’opportunisme. Ces gens-là veulent toujours sauver le capitalisme. Et ce faisant, ils ne s’attaquent pas au mal et ne soignent que les symptômes.
Car le capitalisme est malade.
A force de lui autoriser tous les excès, il fallait s’y attendre. Aux Etats-Unis, comme en Europe, on a cru religieusement aux vertus de la main invisible. A force d’être invisible, il faut croire qu’elle n’y était pas, la main. Ou plutôt si : il y en avait plusieurs et il n’y en avait que pour elles. Elles nous ont fait les poches. Des mains humaines avec au bout des bras, des types qui se permettent de brader et de spéculer sur le bien commun.
Aujourd’hui, c’est eux que Bush et Sarkozy protègent en feignant de les mettre sous surveillance. Ils n’auront plus le droit de perdre autant, peut-être, mais toujours de gagner – et beaucoup, et sans scrupules. C’est toujours le trop fameux casino à l’œuvre. Dans les casinos aussi, on n’a pas le droit de trop perdre. Et dans le rôle du directeur de casino, l’Etat. Croient-ils que c’est ce que nous voulons ? Cet Etat-là ? Il n’a aucun intérêt a garder la Poste dans son giron, c’est sûr, le casino.
Qu’on ne me parle pas de moralisation de la finance, après cela. Il ne sert à rien de punir, ni de surveiller, si l’on n’est pas capable de créer d’autres conditions du bonheur des hommes. De tous les hommes. D’autres modes de développement sont possibles, écologiques, équitables, responsables. Le capitalisme a fait le malheur de milliards de personne et, pourtant, on refuse de croire que c’est à lui la faute. Ni celle des grands patrons, ni celle des marchés, ni celle des institutions financières. A la rigueur, on accuse les traders et les spéculateurs. On appelle cela des boucs émissaires. Pas une révolution.
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