Depuis quelques jours, la polémique gronde. A Rueil-Malmaison, on a construit un mur qui sépare la cité de la Fouilleuse du reste de la ville au prétexte de la sécurité et de la rénovation urbaine. Heureusement, il ne s’agit pas du mur de Berlin ou de Jérusalem. Gardons-nous des amalgames car la situation n’a rien à voir : ce n’est pas une frontière, il n’y a pas de soldats qui patrouillent, on ne risque pas de se faire arrêter si l’on franchit ce mur-là. En revanche, il s’agit bien de la stigmatisation d’une population par rapport à une autre. Les cités sont déjà des espaces cohérents et clos à l’intérieur de la ville. Le mur de béton consacre ici le mur social.
A Rueil-Malmaison, la faute est grossière, les intentions du maire sont médiocres. Au titre de la sécurité des habitants, on joue sur un fantasme de guerre des gangs qui n’existe pas dans cette petite ville de banlieue tranquille. Il n’y avait pas de ghetto, on vient d’en créer un. C’est une triste conception de la ville fermée et ségrégative. Visuellement, on se souviendra du ghetto de Venise, mais sans les canaux : les immeubles sont plus hauts, les habitants sont plus pauvres et les points d’accès sont restreints. Le ghetto enferme la ville qu’on ne veut pas voir à l’intérieur de sa ville. Son mauvais reflet, son double détesté, son négatif. On dresse une ville contre une autre. C’est à pleurer. Je crois à la ville ouverte. Je crois aux passages, aux rencontres, aux échanges. Le territoire de la ville appartient à tous.
La lutte contre la petite délinquance ou les dégradations n’est pas une question de caméras ou de digicodes. Ce sont des solutions faciles qui ne remplacent pas le vivre ensemble. Dans une ville, la dialectique heureuse des groupes sociaux, des communautés et des populations est primordiale. C’est dans sa diversité qu’une ville se construit, s’apaise et s’enrichit. Le mur de Rueil-Malmaison, c’est une autre ville sans diversité et sans échanges. Les communautés se côtoient sans se mélanger, l’une à l’abri de l’autre, derrière son mur. C’est la marque d’un abandon politique, d’une impuissance, d’un manque de courage et d’un manque d’imagination. Tout cela est affligeant. On veut plus de diversité à Paris, on voudrait que les gens se rencontrent et se mélangent, parce que c’est ainsi qu’on aime la ville. Et pendant ce temps, à Rueil-Malmaison, on construit un mur. Tant pis. Il ne reste plus qu’à l’abattre. Faire un mur, c’est presque faire le mur, finalement. Je prends cela comme une invitation.
Merci de me donner des news de Rueil, c'est la ville où j'ai grandit.
les choses ne s'arrangent pas là bas et encore moins dans ce quartier qui a toujours été considéré comme un ghetto.
bien à toi
Rédigé par : aline | 04 septembre 2008 à 13:40