Le blog de Ian Brossat

Le Préfet de Police de Paris est hors sujet

A la suite du rassemblement des habitants et des élus de la porte de la Chapelle (18^e) qui réclament la réouverture du commissariat de la rue Raymond-Queneau, la Préfecture de Police répond dans le Parisien d’aujourd’hui.

Alors que le quartier souffre d’une explosion de la délinquance, elle indique que les anciens locaux du commissariat, fermé par Nicolas Sarkozy en 2006, seront réaffectés à la Brigade d’Assistance aux Personnes Sans Abri (BAPSA). L’utilité de ce service n’est pas à démontrer – mais quel est le rapport ?

Le gouvernement et la Préfecture de Police sont hors sujet. Plus grave, ils répondent sciemment à côté et s’entêtent. Ils font mine de ne pas entendre les protestations des habitants qui réclament le retour d’une présence policière. Il faudra pourtant s’en expliquer devant eux : bon courage, Monsieur le Préfet.

Les hypocrisies de Claude Guéant

Ce matin, à deux pas de la porte de la Chapelle, le gouvernement se prêtait à une drôle d’hypocrisie. Une provocation, ou quasi. A moins que finalement, tout cela ne soit parfaitement logique. Jugez plutôt : dans un quartier gangrené par la délinquance (drogue, prostitution, trafic et dégradations de véhicules), Claude Guéant inaugure en grande pompe un commissariat tout neuf. Mais pour la police ferroviaire. Car à moins de 100 mètres de là, l’ancien commissariat de la rue Raymond Queneau, fermé par Nicolas Sarkozy en 2006, disparaît sous les détritus et les ordures. La population, elle, se mobilise depuis presque cinq ans pour sa réouverture – mais visiblement le ministre a d’autres priorités.

La CCIP : jamais sans son hélicoptère !

La sourde oreille. Mais pas pour tout le monde. Je m’explique : la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris (CCIP) a produit un petit document (deux pages) pour prendre position en faveur de la relance des vols en hélicoptère dans la région parisienne. En fait, en faveur d’un nouvel héliport. Oui, la CCIP fait la sourde oreille puisque les élus parisiens se sont prononcés contre, en décembre 2010 puis en février 2011 (ici, ici et là, sur ce blog). Mais d’autres oreilles sifflent, en revanche, puisque ces projets d’héliports concernent les quartiers de Bercy Charenton et de la Porte d’Aubervilliers. Dépourvus d’habitants, comme on le sait. Ou qui aiment tout particulièrement le bruit des rotors, le soir, au moment du dîner.

Bienvenue dans l’enfer libéral

Hier, à deux pas de la porte de Clignancourt, tout au bout de la rue du Mont Cenis, un piquet de grève. Plusieurs dizaines de jeunes gens sous un soleil de plomb, devant l’Argus de la Presse. Spécialiste de la veille média, cette entreprise emploi un grand nombre de jeunes diplômés et d’étudiants en deuxième ou troisième cycle, le plus souvent à mi-temps.

 

Les horaires sont parfois terribles (4 heures du matin), la paye plus que modeste (le SMIC horaire), et pour ne rien arranger, la direction ne les ménage pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Recours abusif aux CDD pour des postes autrefois en CDI, fiches de payes incompréhensibles et truffées d’erreurs, outils de travail obsolètes, travail imposé certains dimanches et jours fériés…

 

Malgré l’indifférence d’une direction partie en congrès en Grèce, ils sont là. Mobilisés que l’entreprise (en excellente santé) leur concède des augmentations de salaire, pour que le volontariat soit la règle en cas d’heures supplémentaires : ils veulent qu’on les traite normalement. Pas comme des adolescents trop contents d’avoir un peu d’argent de poche. Beaucoup habitent dans les quartiers alentours, et découvrent le monde du travail.

 

Pour ne rien leur épargner, l’entreprise délocalise depuis quelques temps une partie de ses activités à Madagascar et sur l’île Maurice. Pas revanchards, ces jeunes salariés revendiquent un travail bien fait. La gestion humaine calamiteuse, l’absence de dialogue nuit à la qualité l’entreprise. Une ambition toute simple qu’une direction obsédée par la recherche d’un profit maximum semble avoir oubliée. J’ai écrit une petite lettre pour leur rappeler (et une autre, à l’inspection du travail)…

Christian Mode : un patron aux abonnés absents

Certains patrons réclament que leurs employés s’investissent toujours plus dans l’entreprise. Malheureusement, parfois, c’est eux qui ont une curieuse conception de leur propre investissement – et de leurs responsabilités. Pour l’exemple, donc : soit l’entreprise Christian Mode, PME textile de treize salariés dans le 18^e arrondissement. Rien que de très banal. En novembre, un incendie ravage ses locaux – et c’est à ce moment-là que les choses dérapent.

Depuis novembre, en effet, les treize salariés de l’entreprise n’ont pas été payés. Mieux, ils ont reçu une convocation à un entretien préalable à leur licenciement, pour « faute grave ». Autrement dit : l’entreprise leur fait payer la facture de l’incendie.

Mais le 14 février, date dudit entretient préalable (fixé dans une brasserie voisine – on aura tout vu), si les salariés sont là, la direction ne se présente pas. Au ridicule, elle ajoute le mépris. Au référé déposé aux prud’hommes par deux des employés, le 16 février, elle persiste : la chaise patronale reste vide. Lâcheté ? Irresponsabilité ? Patron voyou ? En tout cas, la direction s’en lave les mains.

D’ailleurs, elle ne répond même plus au téléphone.

La réponse de Jean-François Lamour et Philippe Goujon

En réponse à mon courrier invitant les élus UMP à visiter le Nord de Paris, le Maire du quinzième et le Président du groupe UMPPA se fendent d'une lettre peu amène. Je sens que ce n'est pas cette fois que je leur ferai franchir la Seine...

 

Modeste proposition à Jean-François Lamour et Philippe Goujon

Je vous ai parlé hier de ce merveilleux courrier envoyé par les députés UMP du 15ème à leurs électeurs affirmant que la Porte d'Aubervilliers est dépourvue d'habitants et donc parfaitement apte à accueillir un nouvel héliport. Vous trouverez ci-dessous le courrier que je leur ai adressé.

 

Quand Lamour et Goujon font disparaître les habitants des portes de Paris

Je n’ai pas l’habitude de vous exposer ici la prose de nos adversaires. Il arrive pourtant qu’elle mérite quelque attention. En voici un exemple saisissant avec ce courrier en date du 11 janvier, signé de la main des députés UMP Philippe Goujon et Jean-François Lamour, adressé aux habitants du 15^ème arrondissement, où ils sont tous les deux élus.

 

 

Petit retour en arrière : en décembre dernier, le Conseil de Paris avait adopté un vœu rejetant les projets gouvernementaux visant à créer 2 nouveaux héliports dans les secteurs de la Porte d’Aubervilliers (18^ème) et de Bercy-Charenton (12^ème). Il faisait suite à une motion du Conseil d’arrondissement du 18^ème adoptée à l’unanimité portant la même revendication. Les habitants de ces quartiers subissent déjà assez de nuisances. Il n’est sans doute pas utile de leur en ajouter.

C’était sans compter avec nos deux élus du 15^ème. Eux n’ont qu’une priorité : ils ont promis à leurs électeurs de reporter les nuisances occasionnées par l’héliport d’Issy-Paris sur d'autres Parisiens. Et les voilà donc qui partent en campagne en faisant distribuer une lettre aux habitants de leur arrondissement pour s’élever contre la décision des Conseillers de Paris. Ils poussent même le bouchon un peu plus loin en promettant de « poursuivre avec détermination [leur] action pour que le processus d’implantation de nouvelles plateformes aboutisse enfin ».

Ne reculant devant rien, ils vont jusqu’à affirmer que ces quartiers de la Porte d’Aubervilliers et de Bercy Charenton sont « dépourvus d’habitants ». 

Je suis certain que lesdits habitants qui n’existent pas apprécieront.

Messieurs Goujon et Lamour font néanmoins preuve d’une certaine cohérence puisqu’ils observent toujours la même logique de discrimination géographique. Ce qui les dérange n’a pas sa place dans le quinzième. Dans le nord et l’est : oui. Il y a de bons Parisiens – et de moins bons. Ceux dont le confort est précieux, et les autres. On comprend qu’ils n’écrivent qu’aux habitants du quinzième.

Il faut relaxer Lalie Walker

Vendredi 15 octobre, Lalie Walker et son éditeur, Parigramme, ont rendez-vous au tribunal correctionnel de Paris. Leur crime s’intitule Aux malheurs des dames (Parigramme, 2009), un roman policier dont l’action se situe au Marché Saint-Pierre, dans le 18e arrondissement. Ce dernier a entrepris une action en justice, estimant que l’ouvrage nuisait à sa réputation et à son commerce.

 La procédure détestable engagée par le Marché Saint-Pierre se poursuit. Je n’imagine pas que le tribunal puisse condamner l’écrivain et son éditeur – ni interdire le livre – comme on le réclame. Je tiens d’ailleurs pour parfaitement scandaleux que le droit à l’imagination et à l’écriture puisse être remis en question de manière aussi grossière et inepte.

 C’est un moment important pour les créateurs et pour le droit de créer. Les empêcher de s’inspirer du monde qui nous entoure serait un crime contre la culture. A mon initiative, le Conseil de Paris a apporté son soutien à l’auteur et à l’éditeur, au mois de mars 2010. Il faut déplorer cette atmosphère où l’on demande aux écrivains d’observer un droit de réserve et aux artistes de surtout ne pas trop en faire – et relaxer Lalie Walker.

 

La haine de Sizzla

Certains trouvent de très mauvais goût de protester contre les textes d’un chanteur ou d’un écrivain. Ou de remettre en cause la liberté de créer ou de se produire. Je l’avoue, j’en fais partie, la plupart du temps. Mais dans le cas de Sizzla, chanteur reggae homophobe programmé à l’Elysée Montmartre le 24 septembre, j’ai demandé la déprogrammation du concert. Ses appels au meurtre des gays n’ont rien à voir avec une provocation d’artiste. C’est de la haine, purement et simplement. Le reste n’est qu’un alibi.