Ce matin, à deux pas de la porte de la Chapelle, le gouvernement se prêtait à une drôle d’hypocrisie. Une provocation, ou quasi. A moins que finalement, tout cela ne soit parfaitement logique. Jugez plutôt : dans un quartier gangrené par la délinquance (drogue, prostitution, trafic et dégradations de véhicules), Claude Guéant inaugure en grande pompe un commissariat tout neuf. Mais pour la police ferroviaire. Car à moins de 100 mètres de là, l’ancien commissariat de la rue Raymond Queneau, fermé par Nicolas Sarkozy en 2006, disparaît sous les détritus et les ordures. La population, elle, se mobilise depuis presque cinq ans pour sa réouverture – mais visiblement le ministre a d’autres priorités.
En vérité, tout cela est logique. Car si le commissariat de la rue Raymond Queneau a fermé, c’est faute de procès verbaux en nombre suffisant. Alors qu’au tournant des années 2000, les efforts des fonctionnaires de police portent leurs fruits dans ce quartier très populaire (les chiffres de la délinquance reculent de plus de 25 %), Nicolas Sarkozy leur reproche de trop bien faire leur travail. Désormais les habitants de la porte de la Chapelle iront rue de Clignancourt. Illustration par l’absurde des conséquences d’une politique du chiffre en matière de sécurité. Du coup, bien sûr, les délinquants ont réinvesti le nord du 18e arrondissement, abandonné à son sort. Que faire ? Rouvrir le commissariat ? Malgré l’intervention de mon amie la sénatrice de Paris Nicole Borvo, et plusieurs vœux en Conseil d’Arrondissement et en Conseil de Paris : le gouvernement fait la sourde oreille.
En vérité, tout cela est dramatique. Pour les habitants de ce quartier très populaire, tout d’abord, qui découvrent l’inégalité républicaine selon Nicolas Sarkozy et Claude Guéant. Pour être en sécurité, il ne leur reste plus qu’à prendre le train. Comme il n’y a plus assez de policiers (10 000 de moins en moins de dix ans, cela laisse des traces), une présence policière égale n’est plus possible. Il y a des trous. Et le plus souvent, ils correspondent à des quartiers populaires. Et parfois à des quartiers populaires où le sentiment d’insécurité est très fort. Plus de 50 plaintes par jour sont enregistrés dans le 18e, désormais. Sur trois sites seulement. Les locaux sont vétustes, les policiers débordés, les crédits en chute libre. Cela n’ira pas en s’arrangeant. A moins de changer de politique, peut-être ?
J'approuve cette revendication ayant toujours dit qu'il ne fallait pas laisser la sécurité aux sécuritaires mais que c'était l'affaire de tout le monde. La sécurité des personnes et des biens est une de nos premières libertés et je l'ai mentionné dans les statuts de notre association (Les jardins des portes blanches). La baisse des effectifs de la police -et des hopitaux, et des services publics- est un vrai problème
Rédigé par : marcel Delmas | 16 septembre 2011 à 11:42