On allait voir ce qu'on allait voir. On a vu. Ou plutôt, non, on n'a pas vu grand chose. Dimanche dernier, pour la première fois, l’ensemble des commerces situés en zones touristiques pouvait ouvrir. Force est de constater que cette expérience s’est soldée par un indéniable fiasco. Très peu de magasins parisiens ont ouvert leurs portes à cette occasion. Du coup, l’empressement du Gouvernement à légiférer sur le sujet et à publier la loi au Journal Officiel pour qu'elle s'applique le plus vite possible a quelque chose de ridicule. Pour une mesure censée relancer l'économie, on repassera.
Ce qui est certain, en revanche, c'est que cette loi va semer la pagaille en créant deux catégories de salariés : ceux situés dans les PUCE qui bénéficieront de contreparties et ceux exerçant en zone touristique, pour lesquels ni prime ni doublement de salaire ne sont prévus. Les salariés parisiens travaillant en zone touristique seront donc les premières victimes de ce dispositif.
Ce qui se joue avec cette loi, une fois de plus, c'est la question du droit du travail. Depuis lontemps, les libéraux de tout poil nous expliquent qu'il y a d'un côté les "servitudes du droit" et de l'autre la "liberté du travail" bridée par des législations dont il faudrait se débarrasser à toute vitesse. Belle imposture qui vise à faire oublier que le droit du travail, c'est précisément le bouclier dont le salarié dispose pour échapper à l'arbitraire patronal. Défendre le droit du travail, c'est prendre parti pour la liberté du salarié.
Alors, que faire à Paris ? Suite à la récente décision du Conseil constitutionnel, il reviendra au Conseil de Paris de décider de l’avenir de ces zones touristiques. Une réflexion est en cours à ce sujet. Je lis ici ou là qu'on envisagerait d'étendre les zones touristiques à Paris, d'en créer de nouvelles, boulevard Haussmann ou à proximité de l'Hôtel de Ville. Cela n'a pas échappé aux syndicats des salariés du commerce qui ont interpellé le Maire de Paris à ce sujet. Alors, je veux le dire tout net. Je considère que notre Municipalité n’a pas vocation à accompagner les pressions patronales et les provocations du Gouvernement. Nous nous opposerons donc à toute extension des zones touristiques à Paris, qui conduirait, de fait, à dégrader encore un peu plus les conditions de travail des salariés parisiens.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.