Depuis quelques jours, la polémique enfle autour d’Orelsan. Au moment du Printemps de Bourges, la chose avait déjà pris des proportions remarquables. Aujourd’hui, c’est Christophe Girard qui décide que les bibliothèques parisiennes ne proposeront pas l’album « Perdu d’Avance » dans leurs rayons, et c’est la Ligue des Droits de l’Homme qui râle. C’est toujours désagréable de passer pour celui qui fait le procès de Flaubert ou de Baudelaire, mais j’avoue que je partage la position de l’adjoint à la culture du Maire de Paris.
Très honnêtement, Orelsan, ce n’est pas Baudelaire. Ce n’est même pas N.W.A. qui chante « Fuck tha Police », et pourtant, il y avait déjà beaucoup à (re-)dire. Et puis rien n’est plus agaçant que de voir brandie la censure à toutes les sauces, de voir que tout le monde a quelque chose de Flaubert ou d’Oscar Wilde. Parce que c’est d’une naïveté abyssale, et parce que cela n’a rien à voir. Quand je lis dans la lettre de la LDH que la décision de Christophe Girard « évoque irrésistiblement les pratiques de municipalités d’une toute autre couleur », je trouve l’accusation ignoble. Et fausse.
Car Christophe Girard n’a pas censuré Orelsan. Ce jeune homme bénéficie d’une campagne médiatique impressionnante, son disque est en vente partout. Quand on a interpellé l’adjoint à la culture sur la venue d’Orelsan au Bataclan, il y a quelques semaines, il a dit très justement que cela ne le regardait pas. En revanche, que la ville de Paris ne veuille pas, dans ses bibliothèques, d’un disque qui fait l’apologie de la violence faite aux femmes et aux homosexuels sous couvert d’un romanesque de pacotille, je trouve que c’est son droit. Jamais, il n’a été question d’accueillir l’ensemble exhaustif de la production artistique dans ces lieux municipaux. C’est un choix. Un choix politique. Et c’est très bien.
Le reste, c’est une polémique gênante et étroite. Le vieux poncif bas du front qui veut qu’au nom de la liberté artistique, tout le monde ait le droit de dire, de faire, de montrer, de chanter tout et n’importe quoi, c’est le degré zéro des libertés. C’est au même prétexte que Dieudonné se défend d’être antisémite – ou d’autres, d’être racistes. A ce titre, toute discrimination, toute violence est autorisée, qu’elle soit antisémite, homophobe, raciste ou misogyne. Seule condition : dire qu’on est artiste, ce qui ne coûte pas grand-chose.
Quand le maire de Paris a désapprouvé les directeurs de salles parisiennes qui invitaient Dieudonné à se produire, tout le monde a applaudi. Aujourd’hui, alors qu’il ne s’agit que de ce que la ville met à disposition du public dans ses bibliothèques, on crie au fascisme. Très honnêtement, je trouve cela ridicule. Et je ne comprends pas pourquoi la cause homosexuelle, ou celle des femmes, est moins importante que le racisme ou l’antisémitisme. Il y a des jours où tout cela me semble très romanesque, justement.
Il n'est pas au sens strict "censuré", selon moi, mais "banni", comme je l'indiquais voici quelques semaines :
http://menilmontant.numeriblog.fr/mon_weblog/2009/06/orelsan-banni-de-paris.html
une nuance sémantique qui, à mon sens, change pas mal de choses si cet individu dont l'esprit ne vole pas très haut se mettait à écrire des choses dignes d'intérêt…
Rédigé par : Fabien | 09 juillet 2009 à 23:09
Censurez Orelsan, et aussi Brassens l'homophobe:
"
Les Trompettes De La Renommée:
...
Sonneraient-ell's plus fort, ces divines trompettes,
Si, comm' tout un chacun, j'étais un peu tapette,
Si je me déhanchais comme une demoiselle
Et prenais tout à coup des allur's de gazelle ?
Mais je ne sache pas qu'ça profite à ces drôles
De jouer le jeu d' l'amour en inversant les rôles,
Qu'ça confère à ma gloire un' onc' de plus-valu',
Le crim' pédérastique, aujourd'hui, ne pai' plus.
"
Rédigé par : Nom d'un chien | 13 juillet 2009 à 17:29
Vous avez tort, c'est de la censure. Et si cela touche Christophe Girard, c'est parce qu'il le sait très bien.
Lorsqu'on interdit Dieudonné, c'est de la censure aussi, et contrairement à ce que vous semblez croire, beaucoup de gens portent un jugement critique sur ces salles qui reviennent sur leur engagement vis à vis de Dieudonné.
J'ose espérer que ce n'est pas Christophe Girard qui décide personnellement des créations artistiques que la mairie va mettre à disposition des parisiens dans les bibliothèques.
Il ne faut pas beaucoup fréquenter les bibliothèques pour croire qu'on n'y trouve pas des centaines d'artistes (parfois adulés) misogynes, homophobes ou raciste.
Ceci dit, votre opinion est en adéquation avec votre idéologie. L'art doit être édifiant et moralisateur. Bref, le réalisme soviétique.
Rédigé par : Julien | 23 juillet 2009 à 21:40