Ce lundi, le Conseil de Paris a malheureusement accepté le principe du service minimum dans les écoles parisiennes. Jusqu’à présent, la ville de Paris avait toujours refusé de l’organiser, ce n’est pas son rôle de casser des grèves. Dans ma réponse à la communication du Maire, j’ai répété l’opposition des élus communistes à cette hypocrisie politicienne, mais en vain. La droite parisienne, de son côté, se frottait les mains, bien sûr.
Car de quoi s’agit-il, finalement ? D’une remise en cause du droit de grève, certes, mais pas seulement.
Aux enseignants qui protestent, le professeur Darcos dit : « taisez-vous ». Silence dans la classe ou gare à la férule. L’ambition du gouvernement est de caricaturer les enseignants, de diviser la collectivité scolaire, et de faire passer les réformes du professeur Darcos à tout prix. Les enseignants abandonnent vos enfants : les vilains ! De toute façon, ils passent leur temps à faire la grève pour un oui ou pour un non, c’est bien connu. Tendez vos doigts. Aïe !
Avec le cynisme qui le caractérise, le gouvernement a bien fait les choses : ce sont des agents publics qui vont briser le mouvement d’autres agents publics. Là aussi, on divise, on oppose. Sans compter qu’on affecte à des postes qui ne sont pas les leurs, des personnels qui ne sont pas formés, ni payés pour cela. Et si l’on parle du coût, justement, rappelons qu’ici, il sera à la charge des collectivités locales. Le gouvernement a décidément le beau rôle, l’Etat s’en lave les mains. A vous de vous débrouiller, disent-ils aux Maires. Faîtes les taire : le silence, c’est la mort du mouvement social.
Certaines municipalités résistent encore – et c’est heureux – mais jusqu’à quand ? Dès qu’on l’aura institué, le service minimum produira de plus son lot d’inégalités. Pour ne pas s’attaquer aux vrais problèmes de l’Education Nationale, on est prêt laisser les populations les plus fragiles payer le prix fort. Car désormais, à la place d’un service public égalitaire, on institue une garderie soumise aux aléas de moyens et de contextes locaux. Douteux, le service minimum sera surtout à géométrie variable.
On me dit que les sondages montrent que les français sont très favorables au service minimum. Certes. Mais la politique ne réclame pas qu’une lecture attentive des sondages, elle réclame des principes et du courage. Le bien public, ce n’est pas l’opinion publique, loin de là. On le sait depuis l’abolition de la peine de mort. Le courage politique de la droite est ailleurs. Il est intact quand il s’agit de faire quinze milliards de cadeaux aux plus riches. A ce moment-là, la droite ne parle pas des sondages. Moi, je préfère me battre pour toutes les luttes sociales à venir, par pour garantir les privilèges de quelques-uns de mes amis. Sous la férule du professeur Darcos, je ne courberai pas l’échine. Il n’est pas seulement sévère, ce professeur à l’ancienne, il est injuste et il aime trop la baguette.
C'est d'autant plus dommage que, de l'autre côté du périphérique, dans le Val-de-Marne, les maires socialistes ont fait le choix de ne pas appliquer cette réforme, et ce dès mardi. Les maires communistes et socialistes y ont d'ailleurs fait une déclaration commune, chose assez rare pour être soulignée...
Rédigé par : Manuel | 02 octobre 2008 à 22:49