Je n’irai pas. Comme chaque année, Nicolas Sarkozy convie les parlementaires et les élus de Paris à ses vœux à l’Elysée. J’ai reçu mon petit carton, avec mon nom calligraphié. J’y suis allé en 2009. En 2010, la cérémonie tombait en même temps que les vœux du groupe PCF/PG au Conseil de Paris. Cette année, je n’ai pas d’alibi, mais j’ai mes raisons. Plus encore qu’il y a un ou deux ans, cette cérémonie s’apparente à une mascarade. On n’a sans doute jamais vu un Président de la République, un pouvoir, mépriser à ce point les élus locaux. Cette année aura été celle de tous les coups de force. De la réforme des collectivités territoriales à la Société du Grand Paris piétinant les prérogatives des élus de terrain, rien ne nous a été épargné. En réalité, ce pouvoir mène la guerre à tous ceux qui ne lui obéissent pas au doigt et à l’œil. Les collectivités territoriales, majoritairement à gauche, sont pour lui un obstacle qu’il s’agit d’anéantir coûte que coûte.
La Ville de Paris n’échappe pas à ce traitement On a ainsi assisté il y a une dizaine de jours à une polémique hallucinante et grotesque lancée par le secrétaire d’Etat au logement visant à faire croire, à l’occasion d’un article des Echos alimenté par des informations erronées émanant du ministère, que la Ville de Paris était condamnée à verser des pénalités faute d’appliquer la loi SRU. Du grand n’importe quoi lorsqu’on sait que Paris aura produit 70 000 nouveaux logements sociaux entre 2001 et 2014 et que notre ville se bat avec l’Etat pour qu’il mette à la poche et contribue financièrement à cet effort. Manipulations, peaux de banane, que nous réservent-ils encore pour l’année 2011 ? La réalité, c’est que la droite n’a toujours pas digéré sa défaite de 2001 à Paris et qu’elle continue de considérer comme illégitimes ceux que les Parisiens ont choisis pour gouverner la capitale.
Alors, non, trois fois non, je n’irai pas. Y aller, ce serait accepter l’idée selon laquelle les élus sont assez dignes pour jouer les potiches, mais pas suffisamment pour être respectés lorsqu’ils défendent les intérêts des populations qu’ils représentent. On nous rétorquera que cette politique de la chaise vide est une dérogation à la tradition républicaine. Mais honnêtement, peut-on encore considérer que la droite qui nous gouverne reste dans les clous de la République ? Lorsqu’on voit l’acharnement avec lequel elle détruit tous les fondements de la République, tous les acquis du Conseil national de la Résistance, de la retraite par répartition au statut des fonctionnaires, de l’ordonnance de 1945 sur les mineurs à la Sécurité sociale, on finit par en douter. Autant de raisons de faire autre chose, cette après-midi.
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