A l’origine, l’université d’été est un lieu de formation pour les militants. On y discute du fond – ce qui n’est pas du luxe.
Depuis mai 2007, la gauche est atone et atomisée. Les universités de l’été 2008 tombaient à pic pour se refaire une petite santé. Malheureusement, à en croire les médias, cela a sonné creux. Et on en a beaucoup parlé. On dit que ce sont les tonneaux vides qui font le plus de bruit et pourtant je me demande si le cirque des rivalités était aussi assourdissant que les médias l’ont prétendu.
Petit tour de France en rétropédalage, mais sans vélo et sans fringale. Le mardi, on fait le point.
A Port-Leucate, le tout nouveau NPA s’est réuni. On ne pourra pas leur retirer qu’ils ont eu l’intelligence de lancer une initiative politique après l’élection présidentielle. Un nouveau parti, un parti qui rassemble une partie de la gauche. Je regrette simplement que la stratégie du NPA ressemble à ce point à celle de la LCR : surtout ne pas participer au pouvoir ! Loin d’eux cette idée étrange d’essayer de changer les choses. Pour ma part, je n’ai pas envie d’attendre la révolution comme d’autres attendent Godot.
Toulouse a accueilli les Journées d’Eté des Verts. Entre nous, disons que c’était l’Université d’Eté de Daniel Cohn-Bendit, cela évitera toute ambiguïté. Cet été, Daniel Cohn-Bendit a soigné sa gauche, il a soigné sa droite, aussi. A droite, Corinne Lepage et Nicolas Hulot. A gauche, José Bové. Après une campagne présidentielle à gauche de la gauche, José Bové s’était jeté dans les bras de Ségolène Royal entre les deux tours. Maintenant, il écoute religieusement Daniel Cohn-Bendit qui veut faire revoter les Irlandais qui ont dit non. On ne pourra pas accuser José Bové d’être sectaire. Visiblement, le Larzac lui pèse, il voudrait découvrir Strasbourg. La mobilité, toujours la mobilité.
A la Rochelle, si l’on en croit la presse, après les Francofolies, le festival le plus important de l’été, c’est l’Université d’été du Parti Socialiste. La musique en juillet, la cacophonie en août. Ce sont les socialistes qui en parlent avec le plus de cruauté. Dans le Parisien, je lis la déception de Pierre Mauroy : « C’est la plus mauvaise université d’été à laquelle j’ai pu participer. Le PS se devait de donner une bonne image. C’est raté. » Cependant, d’après les militants socialistes, à l’écart des caméras et des micros, les ateliers de La Rochelle bruissaient de discussions autrement intéressantes. On y a bien parlé du fond, semble-t-il.
A Vieux-Boucau, s’est tenue l’université d’été du Parti Communiste. Ou du moins la première étape de la réflexion saisonnière du Parti – car l’université d’été du PCF continue à la fête de l’Humanité avec des débats, des conférences, des concerts, des rencontres, et 500 000 personnes. A Vieux-Boucau, on a préparé les choses, le travail de fond a été sérieux. Je ne vais pas pavoiser cependant. Ce serait tellement dérisoire. Ce n’est qu’une première pierre mais c’est déjà une première pierre. De grands défis nous attendent si l’on veut éloigner le spectre de cette gauche atone et divisée. Il nous faudra réinventer le changement. Car la question qui nous taraude, c’est de savoir comment redonner une chance à l’idée de changement… Sarkozy s’en est emparé pour dire sa fameuse rupture et ne rien en faire. A nous de ressusciter l’idée. Et la question reste entière, aujourd’hui.
Surtout, il faudra retrouver le chemin du tous ensemble. Tout compte fait, je ne trouve pas qu’il soit illégitime que chaque formation politique s’interroge sur elle-même. Ce que je regrette, c’est qu’elles ne s’adressent pas la parole. Ce qu’il reste des universités d’été, c’est une impression désagréable de politique politicienne et de spasmes nombrilistes. C’est en tout cas la perception qu’on en a. D’un balcon d’université à un autre, on ne se parle pas. On ne parle pas non plus aux gens, ceci dit. Heureusement que la fête de l’Humanité arrive. Finalement, c’est elle, l’université d’été de toutes les gauches.
Car l’espoir qui demeure, c’est l’attente du peuple de gauche. Au spectacle stérile de certaines universités d’été, le peuple de gauche répond par toujours plus de demandes, d’attente et d’envie. C’est dans cet espoir qui gronde qu’il faut lire le compte-rendu de l’été. Encore une fois : vivement la fête de l’humanité !
Ian,
Que la culture trotskyste soit différente de la tienne c'est un fait. En faire un argument sous jacent pour éviter le débat ne me parait pas très honnête. Ton propos à l’égard du NPA est très sévère. Il me parait injuste.
1- le NPA ne ressemble pas à la LCR.
On ne passe pas d’une organisation de 3000 militants à une autre qui en compte près de 9 000 sans que cela modifie la culture politique de cette organisation. Je t’invite par ailleurs à lire l’enquête de Florence Joshua (sociologue) sur les « entrants » au NPA (à lire dans la revue Mouvements). On y retrouve des communistes, des militants qui ont fait l’expérience des candidatures unitaires, puis Bové, des altermondialistes, des socialistes, des militants associatifs – notamment issus des quartiers populaires, certains même n’ont pas ou peu d’expérience politique. Et surtout il y avait des jeunes. Beaucoup de jeunes ! Dieu que ça fait du bien... Sur les 1 400 participants aux Universités d’Eté de la LCR (contre 400 faut-il le rappeler aux universités d’été du PC) plus de 40% n’étaient pas militants de la LCR. C’est énorme. A l’occasion des journées nationales du NPA des 28 et 29 juin, 2/3 des représentants n’étaient pas issus des rangs de la LCR. La marge de manoeuvre des cadres de la LCR apparait donc de ce point de vue très relative...
2- Il est faux de dire que le NPA ne veut pas participer au pouvoir. Je trouve par ailleurs que le débat est mal posé car ce n’est pas tant la participation au pouvoir qui est en question mais bien les conditions de cette participation.
Il y a dans le processus de construction de ce nouveau parti (dont le nom est provisoire) l’acceptation d’une société nouvelle. L’analyse politique et sociale de la société a évolué. Le rapport aux institutions et au pouvoir est en débat. La majorité des « entrants » au NPA s’inscrivent sur une ligne d’ouverture (volonté de dépasser les seuls « héros du quotidien »), avec en tête la construction d’un grand parti de transformation sociale capable de rivaliser avec le PS, voire à terme d’imposer un rapport de force différent que celui que l’on connait à gauche. Aussi, nombreux sont ceux à penser aux européennes de 2009. Faire de la dynamique de 2005 un atout pour porter un projet politique européen en positif m’apparait essentiel. Dire en positif ce que nous avons porté tous ensemble en 2005 est nécessaire. C’est pourquoi il appartient aussi aux communistes de réfléchir avec le NPA à un cadre politique commun en vue des européennes.
Aussi, j’aimerais connaitre ta position sur la décision de Marie-George Buffet d’accepter la main tendue de François Hollande pour réinventer le projet de toute la gauche ?
Rédigé par : PJ | 02 septembre 2008 à 17:32
Bonjour,
Et merci pour ce long et beau commentaire. Pour répondre, quelques précisions...
La culture trotskiste ne m'est pas du tout étrangère. Je baigne depuis toujours (voir plus) dans la culture trotskiste de mes parents, tous les deux permanents à "Rouge" à la grande époque. Enfant, j'ai sauté sur les genoux d'Alain Krivine comme d'Edwy Pleynel (je suppose que ce dernier l'a un peu oublié, comme tout ce qui appartient à cette période-là de sa vie). C'est justement fort de cette connaissance de la culture trotskiste, tu le devines, que j'ai choisi de m'engager auprès du Parti Communiste... ;)
Tu trouves mon commentaire sur le NPA trop sévère. Ce n'était pas mon intention et je ne pense pas l'avoir été. Je reconnais en effet à ses fondateurs d'avoir eu l'intelligence d'une initiative politique après la présidentielle. Dans le climat ambiant, je trouve logique que le NPA rencontre un certain succès. Pour le reste, je ne rentrerai pas dans la bataille des chiffres, c'est toujours dérisoire. Et puis, je préfère me réjouir d'être de ces 500 000 personnes qui vont se retrouver à la Fête de l'Humanité dans une dizaine de jours.
En ce qui concerne "l'acceptation d'une société nouvelle" dont tu parles, j'avoue que si le périmètre de rassemblement du NPA se définit par le souhait d'une nouvelle société, beaucoup de gens risquent d'être d'accord (bien que cela rappelle les mots de Chaban-Delmas, autres temps, autres moeurs). Plus sérieusement, je crois que la gauche remporte des victoires quand un mouvement social fort s'appuie sur une construction politique qui le représente. Ce sont les succès de 1936 ou de 1945. Ce sont les deux pieds qui font avancer la gauche. En 1968, il manquait le pied politique, en 1981, le pied social. Et je crois qu'à force de sauter à cloche-pied, on se casse la figure... Je ne ferai pas de procès d'intention au NPA en train de s'inventer, mais je ne vois pas aujourd'hui le NPA dans cette construction politique-là. Le NPA reste en effet accroché, pour l'instant, à cette théorie des deux gauches qui ne se parlent pas et qui se détestent. Je suis convaincu, bien sûr, qu'il existent des sensibilités différentes et qu'il faut inverser le rapport de force qui prédomine aujourd'hui à gauche. Mais cela ne se fera pas sans le PS.
En ce qui concerne la main tendue de François Hollande à Marie-Georges Buffet, je trouve légitime que les forces de gauche débattent entre elles. Ce qui me choquerait, ce serait de trouver des accords en douce et de parler à voix basse. Je trouve que le NPA devrait participer à ces discussions s'il veut réinventer la gauche. C'est en se parlant que ces fameuses deux gauches sauront avancer et convaincre.
Quant au cadre politique commun entre le NPA et les communistes en vue des européennes, encore une fois, à partir du moment où le dialogue s'engage, on doit considérer que tout est possible...
Et encore une fois, merci pour ton commentaire.
Rédigé par : Ian | 03 septembre 2008 à 13:06
la rencontre des parti de gauche a ete une bonne chose , mais quel en est aujourd'hui le resultat , la situatio acuel est catastrophique et la reaction politique de gauche est tres faible et meme beaucoup absente
Rédigé par : morel roger | 06 septembre 2008 à 09:52